LeJDD.fr – 28 avril 2016

REPORTAGE – En plein examen de la loi numérique, quelques sénateurs socialistes ont suivi, mercredi, une initiation au code informatique au palais du Luxembourg. Des étudiants de l’école Epitech ont animé bénévolement cette formation.

Neuf sénateurs socialistes suivent une initiation au code informatique auprès des étudiants d’Epitech. (Justin Delépine pour lejdd.fr)

Deux mondes, deux générations se sont rencontrés mercredi dans la salle François Mitterrand au Sénat. Neuf parlementaires socialistes ont suivi une séance d’initiation au code informatique. Des étudiants de l’école informatique Epitech ont animé cette initiation de « coding club ». Comme pour leurs formations auprès des collégiens et lycéens, les étudiants ont dispensé ce cours bénévolement, en plus de leurs heures de cours.

En plein examen de la loi numérique, cette idée a été initiée par Epitech, qui a contacté la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann. Cette dernière a accueilli cette proposition avec « intérêt » et a convié ses collègues du groupe PS à suivre cette initiation au code. « Ça ne m’apporte rien en tant que législateur, mais ça nous permet de comprendre quelques principes élémentaires de fabrication de logiciels« , indique Franck Montaugé, sénateur du Gers. « Pour des raisons de logistique et de place, nous n’avons pas pu inviter nos collègues de tous les groupes politiques« , précise Marie-Noëlle Lienemann, qui se défend de tout sectarisme.

« Le code informatique, un vrai labyrinthe »

Au menu : un ordinateur par sénateur, avec Linux et uniquement des logiciels en open-source. « L’open-source, c’est la communauté, c’est un système collaboratif« , explique Emmanuel Carli, directeur général d’Epitech. Un étudiant accompagne chaque élu et les quelques collaborateurs qui se sont prêtés à l’exercice, dans le tutoriel préparé pour l’occasion. Dix étapes pour comprendre les bases du langage javascript.

«Il faut démocratiser le codage»

« Pour moi, c’est un vrai labyrinthe« , confie Bernard Lalande, sénateur de Charente-Maritime. « J’en suis déjà à la cinquième étape« , se félicite, pour sa part, Jean-Louis Tourenne, élu d’Ille-et-Vilaine. « Ça nous fait toujours du bien aux élus de mettre les mains dans le cambouis« , pense Alain Duran, élu de l’Ariège. Marie-Noëlle Lienemann, elle, sort de cette formation « hyper convaincue qu’il faut démocratiser le codage« , et se remémore sa formation dans le langage de programmation Fortran. Franck Montaugé redécouvre également « une logique de chaîne de caractères, qui existait déjà il y a 30-40 ans« .

« Quand je ne serai plus sénatrice, je ferai des applications »

Tous les élus ne sont pas tous très assidus, quelques-uns plaisantent davantage avec l’étudiant qui les accompagne. L’un d’entre eux, qui doit filer en réunion, immortalise avec son smartphone ses collègues, plus assidus, en train de coder et leur lance : « Les forces armées de gauche. » Un nouveau slogan peut être ? Marie-Noëlle Lienemann reste jusqu’au bout et se félicite d’être parvenue « jusqu’au niveau 10« , c’est-à-dire la fin du tutoriel. « Quand je ne serai plus sénatrice, je ferai des applications, j’ai plein d’idées« , s’amuse celle qui pourrait candidater à la primaire de gauche.

« C’est gratifiant de former des sénateurs », explique Aurélien, étudiant à Epitech Lyon. Plus habitué à former des collégiens et lycéens, cet étudiant en première année, craignait « que les sénateurs soient réticents à se faire apprendre des choses par un petit jeune« . Mais d’un côté comme de l’autre, le courant semble être passé, et tous les élus sont satisfaits d’avoir compris une logique de langage. Comme le résume Aurélien, « coder en open-source, c’est s’engager pour les autres, être sénateur aussi« .

Justin Delépine – leJDD.fr