Merci pour ce changement

Entretien dans la Revue Charles : « Je voulais un titre accrocheur et ironique »

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logo_revue_CharlesLa Revue Charles – mardi 31 mai 2016

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste, qui se dit davantage «résistante» que «frondeuse», publie Merci pour ce changement !, un livre à charge contre la politique menée par François Hollande. Autour d’un café dans les salons du Sénat, la candidate à la primaire des gauches nous a accordé un moment. Merci à elle.

Par Margot Hess

Pour quelles raisons avez-vous écrit Merci pour ce changement ?

L’objectif était d’expliquer pourquoi je suis candidate à des primaires de gauche. J’ai souhaité proposer une analyse globale du quinquennat et montrer qu’il n’y a pas eu de tournant «social-démocrate» mais un cap stratégique dès le début. J’ai aussi voulu mettre en avant le fait qu’une alternative est possible et nécessaire parce que la manière dont le libéralisme est décliné actuellement percute fondamentalement les principes républicains. La République n’est pas qu’un ensemble de valeurs théoriques, ce sont aussi des fondamentaux qui impactent l’économie et la société. La «République sociale», que je défends et qui émane historiquement de la gauche française depuis Jaurès, est finalement très adaptée à notre époque.

À qui s’adresse votre livre ?

Mon livre s’adresse à tous les Français, pour leur montrer qu’une autre politique est possible et mettre en lumière ce qui nous a amenés à cet état de dépression collective. Les Français, comme les dirigeants, doivent penser la politique non en réaction à l’instant, mais considérer que les décisions prises aujourd’hui auront des conséquences au long cours.

Comment s’est déroulée l’écriture de Merci pour ce changement ?

J’ai travaillé avec Pierre Dumazeau, journaliste à Valeurs actuelles, qui m’en a fait la proposition. Comme je ne pensais pas ce livre uniquement à destination du militant déjà encarté au Parti socialiste, mais plutôt à tous les lecteurs qui s’intéressent à la politique, je ne pouvais pas verser dans l’autosatisfaction et l’auto-argumentation. Il fallait alors quelqu’un qui m’interroge depuis un camp qui n’est pas le mien. Je publie déjà mes notes sur mon blog et j’ai pris la décision d’écrire ce livre à La Rochelle en 2015, lors des universités d’été du Parti socialiste. Pierre Dumazeau m’a aidée à le mettre en forme, et comme je suis assez prolixe, à me couper quand c’était nécessaire ! Quant au titre, je le voulais accrocheur et ironique, et c’est un ami qui l’a trouvé. Aujourd’hui, si je devais faire une critique à ce livre, c’est de ne pas avoir suffisamment abordé les questions d’éducation alors que c’est un sujet majeur.

Est-ce que vous lisez les livres des hommes politiques ?

Je me suis promis de lire les livres d’Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, peut-être celui de François Fillon, pour comprendre ce qu’ils ont en tête.

Vous êtes très critique sur la politique menée par le gouvernement, avez-vous envisagé de quitter le Parti socialiste ?

Je me suis d’abord considérée plus comme une résistante qu’une frondeuse, mais il est temps de sortir de cette appellation, nous devons être dans une position offensive. Je ne suis pas que dans la fronde issue du mécontentement, je cherche à proposer une alternative. Partout, la mondialisation libérale est contestée ! Et ce n’est pas au moment où Bernie Sanders se revendique lui-même du socialisme, dans un pays où personne ne l’a jamais été, que les socialistes français devraient commencer à se ranger derrière le concept tantôt «social-démocratie» ou de «social-libéralisme», sans qu’il soit jamais explicité par ses tenants d’ailleurs – qui est une pétaudière ! Pouvez-vous me dire où la social-démocratie se porte bien ? Ce livre ne verse pas dans le Hollande bashing. Nous devons simplement en finir avec la prétention présidentielle qui consiste à décider seul en disant : «Dans cinq ans, vous verrez !» La Vème République est une impasse démocratique qui dévitalise le pays. Je le disais déjà en 1992, dans une tribune publiée dans Le Monde : «Même quand le monarque est bon, la monarchie est un mauvais système.» Alors que dire quand il n’est pas bon ?

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