Sécurité intérieure

État d’Urgence : L’exception ne peut pas devenir la règle

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hemicycle02_300L’exception ne peut pas devenir la règle. J’avais voté jusqu’alors les successives prorogation de l’état d’urgence pour faire face à situation inédite qui méritait une réaction rapide et immédiate, en particulier pour démanteler le réseau terroriste qui avait perpétrer ces odieux attentats de Paris.

Si je m’abstiens aujourd’hui, ce n’est en parce qu’il faudrait relâcher nos efforts ; au contraire… il est impératif de mener une action au long court et développer une stratégie globale pour prémunir les Français aujourd’hui et demain de ces risques d’attentats et assurer leur sécurité.

J’avais eu l’occasion lors de mon explication de vote du 20 novembre 2015 de souligner l’importance d’agir simultanément sur plusieurs terrains.

S’agissant de l’intervention des forces de l’ordre…

  • Les lois récemment votées ont permis de renforcer les capacités d’action contre le terrorisme (amélioration des perquisitions, etc.). D’ailleurs, le président de la république lui-même expliquait, l’après-midi du 14 juillet que l’état d’urgence ne se justifiait plus au regard des nouveaux dispositifs mis en place. Les lois doivent être appliquées.
  • Cela suppose que notre pays se dote d’un niveau suffisant de postes et de moyens d’intervention des forces de l’ordre pour garantir leur efficacité optimale. Je demande le vote d’une loi de programmation pour la sécurité intérieure – un peu à l’instar de la loi de programmation militaire – qui permette à nos compatriotes d’évaluer clairement les moyens dégagés, la stratégie retenue au regard des missions à remplir, l’organisation de la complémentarité des diverses forces ainsi que la mobilisation de la réserve citoyenne et d’une garde nationale, la création des écoles de police, etc.
    Nicolas Sarkozy et sa RGPP ont non seulement réduit de façon dangereuse les postes de police et de gendarmerie, mais aussi lourdement entaché les possibilités de remontée rapide des effectifs en diminuant les places de formation. Les renvoi de balles de chiffres sont vécus par les Français comme une petite guerre politicienne, alors même que nos critiques sont fondées. Nous avons à leur égard un devoir de vérité et le vote d’une loi de programmation mettra chacun devant ses responsabilités. En particulier de la part de la droite qui promet des baisses drastiques d’emplois publics sans dire comment les opérer.
  • Un effort massif sera aussi nécessaire pour remettre à flot la Justice dans notre pays. On peut simplement s’étonner que le nouveau Garde des Sceaux découvre si tardivement la crise de l’institution judiciaire et pénitentiaire.

Il est désormais utile que soit clarifié l’engagement du président de la république qui lors du Congrès à Versailles disait privilégier le pacte de sécurité au pacte de stabilité !

La question centrale de l’organisation du renseignement intérieur et extérieur demeure. Et je reste persuadée qu’une réorganisation de ces services s’impose.

A l’évidence l’attentat de Nice ne procède pas d’une opération préparée par un réseau organisé. Une telle menace demeure. Par ailleurs, je considère que nous devons aux victimes de procéder à une enquête approfondie sur les éventuels manquements opérationnels qui auraient pu avoir lieu à Nice. Il ne s’agit pas de jeter la suspicion mais de vérifier que nous nous donnons les moyens pour réduire les risques de reproduction.

J’avais souhaité une commission d’enquête parlementaire après la tuerie du Bataclan. Elle a été créée et a rendu un rapport avec des préconisations précises, reprenant largement mes inquiétudes sur les dysfonctionnements de ces services.

« Il faut faire un bilan précis de la fusion des RG et de la DST lors de la création de la DGSI. Est-ce que le pays y a vraiment gagné ? C’est toute une connaissance du terrain, des réseaux divers et variés qui s’organisent qui s’est affaiblie. La communication entre les services déconcentrés et le service central du renseignement intérieur d’une part, celle entre ce dernier et les services extérieurs d’autre part est-elle optimale ? Est-il souhaitable de balayer d’un revers de main ces questionnements ? A parier de plus en plus sur le développement des outils technologiques, ne négligeons nous pas la présence humaine qui est à la base du renseignement et la judiciarisation de ces informations ?

Je ne suis pas certaine que même avec la loi “renseignement”, notre pays soit doté de bons outils d’analyse et de traitement opérationnels d’une collecte renforcée des informations. »

Le gouvernement ne peut se contenter de répondre par un courrier balayant d’un revers de main les préconisations d’un rapport parlementaire voté à l’unanimité des membres de la commission d’enquête. Il doit les étudier et en débattre sérieusement et publiquement avec le Parlement.

La politique étrangère et les conditions de nos interventions militaires tant en Syrie, au Libye ou au Mali mérite un ré-examen.

Je ne propose pas des décisions immédiates mais une réévaluation de notre stratégie dans ce que l’on qualifie de « guerre » contre Daesh.

Nous devons réfléchir sans tarder à la politique étrangère de la France depuis des années et en particulier depuis 2005, où après avoir résisté aux folles visées de George W. Bush et des néo-conservateurs, nous nous sommes trop laissé entraîner dans leur sillage. Je crains parfois que les néo-conservateurs n’aient trouvé quelques émules au sein même du quai d’Orsay. Mais surtout, le président de la République annonçait une grande coalition contre l’EI. Manifestement, les interventions en Syrie et Libye contre Daesh sont en réalité essentiellement occidentales. Les frappes semblent faire reculer l’État Islamique mais font aussi bon nombre de morts civils qui ne partagent pas leur idéologie mais risquent tout autant de se retourner contre ceux qui les bombardent et tuent leurs proches. Il faut sortir de ce guêpier en interpellant avec une absolue détermination l’ONU, les autres États africains et du Moyen-Orient tant pour définir une stratégie militaire que pour une solution politique qui devra tôt ou tard d’imposer.

Mais au-delà, ces attentats, l’inquiétude des Français est aussi liée à la perception des fragilités de notre société et à la nécessité de défendre sans défaillir le pacte républicain.

C’est un véritable plan « République », le projet contemporain d’une république convaincante, forte, sociale et émancipatrice, qui doivent être au cœur de la prochaine présidentielle. Ils doivent mobiliser les institutions mais aussi chaque citoyen.

C’est dans cette perspective que j’ai annoncé ma candidature aux primaires de gauche, car je suis convaincue, que c’est une gauche fidèle à ses valeurs qui peut aujourd’hui entraîner toute la France pour relever ces défis majeurs.

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