Energie

Face à la hausse des prix de l’énergie, réduire temporairement les taxes et engager vite la stratégie « Zéro Pétrole »

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La hausse des prix de l’énergie est particulièrement alarmante pour le pouvoir d’achat et les conditions de vie de nos concitoyens ainsi que pour notre économie !

Elle n’est pas bonne non plus pour le climat car, en réalité, elle empêche des investissements majeurs pour la transition énergétique.
La hausse des prix de l’essence, du gaz et de l’électricité percutera de plein fouet un très grand nombre de Français. Les plus fragiles, les plus modestes, bien sûr, mais très au-delà… Beaucoup de foyers des couches populaires, voire moyennes, sont dès la fin de mois au taquet et la moindre augmentation de leurs frais fixes (les dépenses contraintes) déstabilise fortement leur budget.

La prime énergie ne les concerne pas – et d’ailleurs les 100 euros supplémentaires ne couvriront pas les hausses en cours qui risquent hélas de durer ! Cette méthode des primes de tous genres est par ailleurs fort contestable. Elle sert d’alibi à une politique libérale qui laisse faire le marché et verse des aides – ensuite qualifiée d’assistance – aux plus pauvres, en lieu et place d’une tarification assurant de la justice sociale et combattant les gaspillages. Or cela supposerait de remettre en cause la concurrence libre et non faussée que l’Union Européenne nous vend comme permettant une baisse des prix alors même qu’au contraire elle favorise leur hausse.

Mais avant même de modifier ce cadre (qu’il faudra bien profondément transformer), il est urgent d’éviter les graves difficultés pour nos concitoyens et les entreprises, tout en engageant vraiment une lutte efficace, concrète et mesurable  contre le changement climatique.
J’ai toujours plaidé pour une taxe TIPP flottante ou, en cas de hausse élevée des prix, en faveur d’une baisse temporaires des taxes.

Le prix élevé de l’énergie n’est pas la bonne stratégie pour réduire la consommation énergétique et pour favoriser les investissements sur la décarbonation et les économies  d’énergie. Au contraire, il les freine et, du côté de nos industries et activités économiques, il favorise les délocalisations et retarde les mutations. Or ces délocalisations ne se font pas nécessairement vers des pays « écologiquement vertueux », où baisseraient la production de gaz à effet de serre. Bien au contraire ! Maints exemples passés ou récents en témoignent.

Bilan pour le pays : une désindustrialisation galopante. Bilan pour la planète : au mieux neutre mais le plus souvent très négatif.

D’abord si les cours montent, ils descendent aussi parfois et ces mouvements hiératiques rendent très aléatoires les calculs de retour sur investissements et, du même coup, l’intérêt d’engager des travaux ou des dépenses en faveur de nouveaux procédés plus économes. Ce constat devrait aussi plaider en faveur d’une tarification qu’on peut rendre plus stable.

Or, qu’il s’agisse des particuliers ou des entreprises, pour réduire la consommation énergétique et l’empreinte Carbone, il faut de l’argent. Mais la hausse des prix de l’énergie et leur instabilité obèrent les capacités à dégager ainsi des sommes souvent importantes. C’est ainsi que les reculs, les retards s’accumulent. D’autre part cela favorise les grandes entreprises qui sont déjà les plus puissantes ; celles-ci pourront investir et laisser sur le carreau les PME/PMI les moins riches.  S’y ajoutent les énormes problèmes de niveau de vie pour tant de familles.

Donc il faut tout à la fois baisser les taxes pour retrouver un niveau plus raisonnable de prix et mener une politique publique engageant le pays sur le Zéro Pétrole (et Zéro Gaz) en 2040. Et l’engager rapidement ! C’est d’autant plus nécessaire que l’importation de pétrole et de gaz pèse de façon très lourde et négative sur le déficit de notre balance commerciale déjà très important et qui va encore dériver. C’est donc aussi une affaire de souveraineté et d’indépendance nationale.

Certes la baisse des taxes va réduire les recettes de l’État, mais, en compensation, cela ne serait que pure justice de rétablir l’ISF ou de créer une contribution exceptionnelle de solidarité pour ceux qui ont vu leurs profits, leurs dividendes et richesses augmenter fortement durant cette crise où il n’y pas eu que des perdants…

La stratégie zéro pétrole suppose d’accélérer le passage à l’électrique d’un certain  nombre de véhicules ; cela suppose donc de mettre en œuvre un plan d’implantation de bornes de recharge sur tout le territoire, avec le soutien à une filière française de conversion des véhicules actuels à moteur thermique en moteurs électriques, car bon nombre de foyers ne pourront pas acheter des véhicules neufs qui demeurent très chers. Il faudra des soutiens publics importants. Des procédés existent. Ne tardons pas, rendons l’accès à cette transformation aisée et peu coûteuse sur tout le territoire.  Cela peut générer de nombreuses créations d’emplois.

Faisons de l’État et des collectivités publiques des acteurs exemplaires en planifiant à tous les niveaux la transformation (ou le remplacement) des véhicules actuels en véhicules décarbonés, ainsi que la réhabilitation thermique de tous les bâtiments leur appartenant. Il ne suffit pas de mettre en place des dispositifs d’incitation, d’annoncer des millions… Il nous faut élaborer et financer de façon pluriannuelle la systématisation et la généralisation de ces obligations.

Avec les branches industrielles, là aussi le maître mot doit être la planification, définie entre l’État les partenaires sociaux et les branches, en élaborant une feuille de route co-décidée mais contraignante pour atteindre des objectifs précis et évaluable de la perspective Zéro Pétrole… avec à la clé des soutiens et interventions publiques, en lieu et place de toutes ces aides systématiques non ciblées et sans contreparties.

Ces quelques exemples montrent qu’on peut et doit déclencher vite une nouvelle stratégie de lutte contre le changement climatique, en lieu et place de cette injuste et dangereuse hausse du prix de l’énergie qui se cache derrière un prétendu progrès écologique pour mieux enrichir les plus forts et dispenser d’efforts importants ceux qui pourraient eux changer leurs pratiques, leur hyper consommation et gaspillages.

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