Délocalisations

Stop aux délocalisations de services chez Air France

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J’ai écrit hier au Président de la République pour l’interpeller sur les délocalisations de nombres services supports, dont les services informatiques, chez Air France.

Vous trouverez ci-dessous le texte et la copie de ce courrier.

Monsieur le Président de la République

La société Air France a annoncé le 27 avril en Comité Social et Economique de l’Etablissement Informatique, le projet de réorganisation de ses services informatiques en particulier en déclarant faire appel dans un futur proche à de la sous-traitance de proximité (nearshoring) et des délocalisations (offshoring) de services. Dans les deux cas, des activités informatiques d’Air France seront externalisées et conduiront à des pertes d’emplois en France. Il s’agit de centaines d’emplois qui seront délocalisés en Afrique du Nord, en Inde ou dans des pays d’Europe de l’Est.

La direction essaie de justifier cette décision par la recherche de diminutions des coûts de production informatique puisque la rémunération d’un ingénieur informatique indien est deux fois moindre que celle d’un ingénieur français, par exemple.

Déjà sur ce point, les syndicats d’Air France contestent la réalité même des économies salariales envisagées qui seraient tout au plus de 10 millions d’euros d’ici 2025. Et je ne crois pas que notre pays puisse en permanence céder au dumping social, d’autant qu’il s’agit d’emplois qualifiés et sensibles. La direction d’Air-France, dans une moindre mesure prétend qu’il est difficile de trouver des compétences suffisantes en informatique sur le territoire national.

L’argument est spécieux car il suffirait de prévoir des formations et des reconversions pour les emplois nécessaires à terme et de les payer correctement.

Les organisations syndicales mettent en garde, à juste titre, contre le risque de baisse de qualité des services fournis. L’exemple de la British Airways est très éclairant de ce point de vue. En effet cette compagnie anglaise avait délocalisé ses principales activités informatiques en Inde en 2016. Elle dû les rapatrier en 2021 à cause de la multiplication des pannes informatiques qui ont conduit à des surcoûts financiers et à une baisse d’image liée au mécontentement des clients. Plus grave encore, British Airways dû payer une amende pour non-respect des règles du Règlement général sur la protection des données (RGPD) par suite de vol de données de passagers. Ce vol de données fut causé par des failles de sécurité dans les communications entre services clients et services informatiques délocalisés. Cette amende fut réduite à 20 millions de livres mais était à l’origine de 183 millions de livres soit plus de 214 millions d’euros c’est-à-dire plus de 21 fois le montant des économies envisagées par Air France. Le gain escompté vaut-il le risque pris ? Je ne le pense pas.

Le groupe Air France a obtenu un prêt garanti par l’Etat d’un montant de 4 milliards d’euros et a bénéficié d’une recapitalisation de l’Etat à hauteur de près de 30%. Ce PGE a été converti en en obligations perpétuelles (quasi-fonds propres) pour 3 milliards. Au total, le groupe a reçu 11 milliards d’euros d’aides. Il s’agit d’un effort important de la collectivité nationale en soutien à une activité stratégique qui participe de la connectivité des territoires, de l’accès de la France au monde et du monde à la France, de son indépendance et de sa sécurité d’approvisionnement.

En contrepartie de ces aides, le gouvernement de votre premier ministre, M. Jean Castex a demandé la cession de 18 créneaux de vols à d’autres compagnies à l’aéroport de Paris Orly ainsi que la suppression par voie conventionnelle de nombreux emplois. Une diminution salariale a aussi été demandée aux salariés. La menace d’un PSE est en cours et pourrait conduire à de nouveaux licenciements dans les services Escales France. Ainsi des efforts importants ont été demandés aux salariés.

Le 10 mai, la Commission européenne a annoncé le versement de 17,7 millions d’euros aux anciens salariés d’Air France licenciés soit dans le cadre d’un plan de départ volontaire à la retraite soit par suite d’une rupture conventionnelle collective du fait de la pandémie de Covid-19, au titre du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation pour soutenir des travailleurs licenciés d’Air France. Ce versement sera effectué sur le fondement de la décision du parlement européen (Bruxelles, le 10.5.2022, COM(2022) 201 final, 2022/0143 (BUD)). Or page 4, point 18 de cette décision, il est indiqué : « L’administration française du travail a précisé que la restructuration d’Air France a affecté l’équilibre de l’emploi dans les territoires concernés.

. En conséquence, elle a notifié à l’entreprise ses obligations en matière de revitalisation de l’emploi dans ces territoires

. L’entreprise doit mettre en place des mesures (…), afin de promouvoir de nouvelles activités économiques et la création d’emplois pour compenser ceux qui ont été perdus ».

En réponse à ces efforts des salariés et de notre pays et contrairement aux engagements pris auprès des services de l’Etat, la direction engage une stratégie d’externalisation et de destruction d’emplois en France. Et de ce fait participe de la désindustrialisation de notre pays. Ce n’est pas acceptable.

Il est indispensable et relève d’un juste retour qu’une entreprise aidée par la collectivité nationale, qui plus est avec des capitaux publics, participe de cette même communauté en développant ou tout du moins en ne déplaçant pas son activité et en ne détruisant pas les emplois dans notre pays. Il est attendu de ces sociétés un comportement patriotique d’un point de vue économique et social. Ce n’est pas le cas de la direction d’Air France.

Monsieur le Président, vous avez annoncé le 12 octobre 2021, un plan d’investissement de 30 milliards d’euros sur cinq ans visant à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir pour « augmenter la capacité de l’économie français à croître par l’innovation ». La délocalisation à l’étranger des services informatiques d’Air France va à l’encontre de ces objectifs.

L’innovation vient aussi des confrontations entre les services effectués sur notre territoire et la recherche ainsi qu’avec les nouvelles opportunités technologiques.

Aussi je me permets de vous alerter et solliciter votre intervention et celle du gouvernement afin de mettre un coup d’arrêt à ces transferts d’emplois et ces délocalisations de l’informatique du groupe Air-France.

Je vous remercie par avance de votre attention et vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de ma haute considération.

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