Réindustrialisation

Emmanuel Macron préfère la communication à un examen lucide qui impose en fait un changement de cap !

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Un Cocorico prématuré

Nous avons droit chaque année, au grand show du « Choose France » à Versailles et au même discours présidentiel euphorique sur la réindustrialisation de notre pays censée être en marche depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron.
On aimerait y croire mais derrière quelques chiffres choisis opportunément par le pouvoir, la réalité est bien différente et pour le moins plus que nuancée. Il ne s’agit pas de noircir le tableau par posture oppositionnelle, mais bel et bien de regarder en face la situation réelle pour engager des politiques publiques plus efficaces.
Derrière la présentation embellie et tronquée du tableau, Emmanuel Macron et le gouvernement cherchent à valider leurs choix libéraux (baisse d’impôts et du « coût du travail », précarité, flexibilité…) et les poursuivre. Mais la situation plaide au contraire pour une nouvelle stratégie industrielle enfin efficace ! Et il ne veut pas l’entendre.
Remarquons d’abord ce tropisme macronien qui met en scène le racolage des investisseurs étrangers comme fer de lance de la relance productive et industrielle du pays. Ils ont bien sûr leur part, mais d’un côté tapis rouge pour les uns et de l’autre aucune mise en valeur, ni mobilisation des forces vives du pays qui y concourent et méritent d’être davantage soutenues et valorisées. On pourrait attendre que chaque année soit réunie en présence du président de la République une conférence des acteurs français de l’industrie, investisseurs, partenaires sociaux (dont les syndicats), régions, pour évaluer la situation, les mesures qui marchent et ce qui n’est pas efficace et participer à la mise en œuvre et au suivi d’une véritable stratégie industrielle. Privilégier le discours sur les investissements étrangers montre la marginalisation de toutes autres priorités et pousse à des choix fiscaux et sociaux qui coûtent chers à la nation et aux salariés pour de maigres succès. Succès qui ne sont pas toujours confirmés dans la durée. Si nous pouvons nous féliciter de l’arrivée d’investisseurs étrangers, il convient de bien regarder ce qu’il en est, de veiller à ce qu’ils soient pérennes et concourent réellement à l’intérêt national.
En dépit de la méthode Coué du gouvernement, une analyse lucide de la situation montre – hélas ! d – que la réindustrialisation de la France n’est pas sérieusement et suffisamment engagée.

Un juge de paix qui ne trompe pas : la balance commerciale avec un déficit abyssal, 163 Milliards en 2022 !

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, ce déficit ne cesse de se creuser, en particulier celui des biens manufacturiers. Ces trois dernières années, cela s’accélère et c’est une véritable hémorragie.
Certes, les chiffres des douanes et de l’INSEE semblent montrer une certaine amélioration depuis 3 mois, mais c’est après une chute vertigineuse. En moyenne mobile sur trois mois, en mars 2023, le solde commercial de la France s’améliore (de +1,5 Md € après +2,4 Mds en février), pour s’établir à -8,4 Mds€, son niveau le moins dégradé depuis plus d’un an et demi. L’essentiel est bien sûr lié au redressement de la balance énergétique avec une baisse du prix du pétrole et du gaz. Hors énergie, le solde s’améliore très légèrement, tant avec les exportations des biens d’investissements tirés par l’automobile, la construction, l’aéronautique, avec celles des biens intermédiaires que les biens de consommations. Mais le solde reste abyssal.
Un frémissement, mais rien pour l’heure ne semble marquer le début d’un véritable redressement. Pourtant il s’impose et il faut le souligner avec force et tirer la sonnette d’alarme. Le déficit commercial français atteint en 2022 a atteint un niveau record depuis 1949, à environ -7 % du PIB.
Selon un rapport publié par le Haut-Commissariat au Plan, le pays a importé pour 163,6 Mds € de plus qu’il n’a exporté, presque le double qu’en 2021. Sur les 9 781 produits étudiés par le Haut-Commissariat, les deux tiers sont en déficit. Si le prix de l’énergie a pesé en 2022 – ce qui semble s’atténuer cette année –, il y a des caractéristiques structurelles au décrochage que nous avons subi : la France est en train de devenir un nain commercial. Ses exportations ne représentent plus que 2,4% du total mondial, contre 5,2% en 2001 et les multinationales françaises ont aussi de plus en plus tendance à délocaliser la production de biens finaux destinés au marché national, ce qui habituellement est une caractéristique de pays en voie de développement. Le Haut Commissariat au Plan a donc indiqué le 10 mai dernier que « le défi de la réindustrialisation de la France ne relève donc pas tant d’un rééquilibrage macroéconomique du solde courant que d’une réorientation des choix d’internationalisation de ses entreprises. À commencer par ses multinationales ».
Les relocalisations demeurent très limitées, les entreprises continuent à délocaliser, le maintien et le développement des entreprises, en particulier les Petites et Moyennes Industries (PMI), sont insuffisants.

Non la France n’est pas sans conteste au premier rang pour les investissements étrangers

Le gouvernement répète en boucle que la France est la première destination des investissements étranger en Europe, en s’appuyant sur l’étude d’attractivité d’Ernst & Young, ce qui n’est pas parole d’évangile. Mais même en acceptant la validité de l’analyse de ce cabinet de conseil, il convient de relever que, si notre pays semble accueillir le plus grand nombre de projets, ce n’est absolument pas le cas pour les sommes investies, ni pour les emplois induits.
Certes en 2022, plus d’investissements étrangers ont été contractés en France que chez nos voisins européens, on dénombre 1 259 projets pour l’année soit seulement une hausse de 1% par rapport à l’année précédente.
Le bilan en termes d’emplois est moins brillant. La création d’emplois liés à ces investissements sur la période 2021-2022 a baissé de 15%. Avec une moyenne de 33 emplois par projets la France se situe en deçà de la moyenne de nos voisins européens respectivement autour 59 et 58 emplois par projet pour l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Si on se réfère au poids relatif des investissements entrants dans les pays européens la France est bien placée mais pas non plus dans une position exceptionnelle : en 2021, cela représentait 3 % du PIB français, mais 4 % pour la Belgique, 3,1 % pour l’Espagne ou 2,6 % pour l’Autriche ; l’Allemagne était plus loin à 1,7 %.

Ces investissements étrangers ne sont pas tous durables, réellement industriels et intéressants pour le pays et la réindustrialisation

Cette année, les investissements concernent peu de nouveaux sites ou activités. 65% des investissements sont des extensions de projets déjà existants. Le nombre de nouveaux projets est très inférieur à celui de nos voisins, puisque seul 35 % des projets Allemands et 30% des projets du Royaume Unis sont des extensions. Cela devrait interroger.
Ces investissements ne sont pas tous dans des industries, ils concernent aussi la logistique et parfois le commerce comme IKEA. On observe une forte augmentation des investissements étrangers en R&D. Là où le gouvernement voit une preuve de notre attractivité et de notre innovation, nous voyons aussi un danger pour nos savoir-faire et le risque de fuite vers l’étranger de nos brevets, car si ces entreprises étrangères profitent des capacités de recherche de notre pays, les productions induites par ces recherches ne se feront pas forcément en France. On a moult exemples d’entreprises qui profitent du crédit impôt recherche et ensuite vont installer ailleurs les sites de production. Soyons vigilants.
Vigilants aussi sur la pérennité des investissements étrangers en France ! En témoignent par exemple les menaces de fermeture de l’entreprise Valdunes, dernière entreprise de roues et essieux ferroviaires, dont l’actionnaire chinois a décidé purement et simplement de se désengager. Il convient de se donner les moyens de garantir cette durée des entreprises ou sites créés et d’analyser régulièrement non seulement les entreprises et usines créées mais aussi celles fermées. Car non seulement nous n’avons pas mis en place un mécanisme de remboursement des aides publiques au départ et la fermeture (le plus souvent pour de simples raisons de valorisation capitalistique), mais de surcroît, les nouvelles lois votées au début du quinquennat Macron rendent plus faciles, moins coûteux les licenciements et les investisseurs étrangers l’utilisent à plein pour réduire la voilure et délocaliser !
Enfin les investissements tant vantés sont parfois purement et simplement un passage sous capitaux étranger d’entreprises françaises ! Parfois même à vocation stratégique ! Le rapport annuel du trésor indique que Bercy a autorisé 131 rachats d’entreprises considérées comme stratégiques à des groupes étrangers en 2022, dont des entreprises hautement stratégiques telles qu’EXXELIA, fabricant français de composants passifs notamment pour le Rafale, qui appartient désormais au groupe américain Heico sans aucun veto de la part du gouvernement.
Il convient donc de prendre avec circonspection cette euphorie face aux investissements étrangers qui, sans être le diable absolu, ne sont pas non plus, et de loin, la panacée pour assurer une réindustrialisation solide de la France.

Les multinationales françaises, très favorisées par le pouvoir ne jouent pas le jeu de la réindustrialisation !

Il est assez symptomatique que, depuis quelques jours, comme chaque année, la presse française croule sous l’avalanche de papiers concernant l’investissement étranger en France, sans jamais se poser la question des investisseurs français. C’est pourtant un sujet essentiel qu’il va falloir remobiliser.
Dans une note d’octobre 2018, France Stratégie indiquaient que les entreprises françaises manufacturières se distinguent de leurs homologues européennes par leur fort taux d’investissement dans l’immatériel. Il existe en France un certain contraste entre l’important investissement des entreprises dans l’immatériel et la relative faiblesse de l’investissement en actifs physiques : ce dernier point concerne notamment les machines et équipements, pour lesquelles « de part et d’autre du Rhin, l’écart de taux d’investissement est en 2015 de 1,5 point de valeur ajoutée au profit des entreprises allemandes ». C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis battue pendant de longue année pour conserver les dispositions de sur-amortissements en matière d’investissements dans la robotique et la modernisation de l’outil de production. Car cette tendance à l’œuvre dès les années 1990 n’a fait que s’accentuer : entre les périodes 2003-2006 et 2012-2015, les dépenses d’investissement en machines et équipements ont baissé de 21 % en France, alors qu’elles ont augmenté de 19 % en Allemagne. Une explication possible serait que les industriels français choisiraient davantage de délocaliser à l’étranger une part importante de leur production tout en gardant la conception, et donc l’investissement immatériel, sur le territoire national. Le taux d’équipement en robots industriels est globalement plus élevé en Allemagne qu’en France aussi parce que l’industrie allemande est plus spécialisée dans des secteurs intensifs en robots tels que l’automobile : était-ce cependant une raison pour aggraver le différentiel ?
On pourrait penser qu’à l’heure de la dématérialisation et de l’économie de la connaissance, l’investissement immatériel est d’autant plus pertinent et l’investissement matériel moins central comme déterminant des performances des entreprises. Or le diagnostic se révèle plus complexe. Les investissements en construction et de mise en conformité réglementaire n’ont pas freiné les investissements productifs. Ils n’ont pas non plus joué le rôle déterminant dans la perte de compétitivité des entreprises française qu’on leur attribue parfois. Et France Stratégie de conclure : « l’efficacité de l’investissement immatériel est aujourd’hui mesurée au regard des gains de productivité et de l’augmentation des parts de marché des entreprises françaises. Or si la stratégie des entreprises internationalisées est de concevoir en France et de produire à l’étranger, il serait plus judicieux de mesurer l’impact de l’investissement sur la profitabilité et non en considérant principalement le solde commercial, la productivité et la compétitivité ». En clair, les grandes entreprises françaises d’échelle internationale ont privilégié le profit sur la production et la compétitivité hors coût, comme on l’a vu plus haut ; on n’est dans la même logique que celle de « l’entreprise sans usines » rêvée par Serge Tchuruk, rêve qui n’habitait pas qu’un dirigeant privé mais aussi une bonne partie de notre haute administration.
Or ces grandes entreprises sont celles qui profitent le plus des aides publiques, de notre système fiscal ! d’où l’importance du ciblage et des contreparties aux aides.

Assurer une mobilisation générale et soutenir les PMI et Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) pour regagner de la souveraineté

La responsabilité de nos « grandes entreprises » est d’autant plus marquante que l’investissement s’est lui maintenu dans les TPE-PME. Ainsi la BPI notait en janvier dernier que 49 % des dirigeants de TPE-PME comptaient investir ou ont investi en 2022, malgré une dégradation de leur trésorerie. Le renouvellement et/ou la modernisation des équipements et installations sont, de loin, les principales destinations des dépenses d’investissement.

Beaucoup d’argent, de piètres résultats, l’échec de la stratégie marconienne, l’indispensable changement de cap et réorientation des aides

Force est de constater ce qui fait actuellement office de politique industrielle est très massivement une baisse généralisée de la fiscalité, des cotisations sociales sans ciblage, ni contreparties et ces sommes sont gigantesques, affaiblissent nos services publics (éléments de compétitivité), coûtent très cher au regard des résultats de réindustrialisation observés. Cette pseudo politique de l’offre date maintenant de la présidence Hollande (dont Emmanuel Macron était un conseiller très écouté) avec le CICE, elle a encore été aggravée depuis 2017. Cela fait 12 ans que nos dirigeants poursuivent dans cette tragique erreur et ils ne peuvent pas nous expliquer qu’il est impossible de tirer un bilan de ces choix !
Les sommes dépensées ou les pertes de recettes pour l’État ou la sécurité sociale sont terriblement conséquentes.
Le Crédit Impôt Recherche (CIR) coûtait 4,5 Mds € par an en 2008 ; il s’est stabilisé ces dernières années autour de 7 Mds € par an. Le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) a coûté quelques 100 Mds € en 3 ans de 2016 à 2019 ; son remplacement par des baisses de cotisations sociales pérennes coûte chaque année en perte de recettes pour la sécurité sociale quelques 25 Mds € (qui se sont – plus ou moins partiellement – cumulées avec le CICE en 2019 et 2020, années de transition), dont l’État prétend qu’elles permettront en retour une hausse de recettes de l’impôt sur les sociétés de 6 à 7 Mds € par an. Mais dans le même temps, les gouvernements d’Emmanuel Macron se sont à nouveau attaqués aux « impôts de production » : dans le cadre du « plan de relance », une baisse de 10 Mds € est entrée en vigueur en 2021, en divisant par deux la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et deux impôts fonciers, la cotisation foncière des entreprises et la taxe foncière sur les propriétés bâties. La logique s’est étendue depuis avec la suppression totale de la CVAE étalée sur 2023 et 2024, un « coup de pouce » d’un peu moins de 8 Mds€ par an pour les entreprises.
Avant même les nouvelles annonces concernant les industries vertes, ces avantages fiscaux ou sociaux privent au minimum le pays de 40 à 50 milliards par an ! La balance commerciale a continué à se creuser, les relocalisations sont encore balbutiantes, le capital public ou des fonds d’investissements manquent pour défendre, moderniser et développer nos entreprises productives, la recherche et l’innovation. Sans compter que la France se laisse piéger par les directives européennes sur les aides d’État et le libre échange tous azimuts sans construire les protections qui s’imposent.
Il y a là un véritable gâchis et une erreur stratégique gravissime ! Il est urgent de changer radicalement de mode d’intervention.
Ce constat est même partagé par certaines institutions peu suspectes d’antilibéralisme primaire. En septembre 2020, France Stratégie, indiquait « un fort effet emploi est trouvé chez le quart des entreprises les plus bénéficiaires du CICE, qui ne représentent qu’un huitième des effectifs, mais rien de significatif chez les autres. L’effet total reste estimé à 100 000 emplois environ, ce qui est faible, rapporté au coût du CICE. […] De même, un effet sur l’investissement demeure difficile à établir, celui-ci ne ressortant notamment pas lorsqu’on distingue groupes fiscaux et entreprises indépendantes. » La même agence indiquait en juin 2021 sur le CIR qu’il existait « des effets positifs sur les PME, mais pas d’effet significatif établi en ce qui concerne les ETI et les grandes entreprises » et que « le CIR n’a pas suffi à contrecarrer la perte d’attractivité du site France pour la localisation de la R&D des multinationales étrangères. »
Emmanuel Macron s’appuie sur le solde net des relocalisations depuis 2017 à hauteur de 300 entreprises contre les 600 délocalisations nettes dans la période précédente (2008-2016) sans qu’on puisse mesurer l’effet emploi ou chiffre d’affaires. Si le mouvement semble amorcé, il reste encore marginal : en 2021, ça ne représente encore que 5% des créations d’emplois industriels. Là aussi, les grandes entreprises sont restées un peu absentes de ces mouvements de relocalisations qui touchent surtout les PME et les ETI.
Mais le flux des délocalisations ne s’est pas tari et le gouvernement ne semble pas se mobiliser pour les empêcher. Ainsi une note de janvier 2022 de BpiFrance énonce que « parmi les répondants de la filière automobile (24 % de notre échantillon), 35 % ont été incités à délocaliser dans les cinq dernières années, 4 % veulent délocaliser dans les cinq prochaines et 26 % se disent indécis sur une délocalisation future. 5 % déclarent vouloir relocaliser. La filière de l’aéronautique présente des résultats similaires car les entreprises travaillent souvent pour les deux. »
Bien sûr, chaque fois qu’une implantation est annoncée, nous ne pouvons que nous en féliciter, de la même façon quand on voit avec France 2030 le pays soutenir de nouvelles filières d’avenir. Mais là aussi, les sommes affectées par secteur semblent souvent très en deçà des besoins. Qui plus est, il y a une certaine opacité sur les choix réalisés, ce qui rend difficile non seulement la mobilisation de tous les acteurs, le regain de confiance des Français et la meilleur allocation possible des crédits.
Au-delà, des grands discours de propagande, il serait urgent d’avoir un bilan et un suivi partagés de l’industrie en France, des mouvements de relocalisation /délocalisation, créations/fermetures, de l’efficience de l’argent public utilisé et en tout premier lieu des sommes faramineuses dégagées depuis le CICE.
Oui l’industrie française a besoin de soutiens financiers clairement ciblés, avec des objectifs à atteindre.

Des politiques de filières, par produit dans un champ très large, un vrai ministère de l’industrie

C’est là qu’une nouvelle politique industrielle s’impose. Elle doit se préparer à travers des politiques de filières ou de produits comme le suggère le Haut commissariat au plan. D’ailleurs d’un vil faut reconstituer un véritable ministère de l’industrie (et pas sous la coupe d’une vision financière de Bercy) ; non seulement il doit s’attacher à faire réussir les filières stratégiques que le pays a choisi mais aussi à préserver un maillage productif dans des champs beaucoup plus larges qui contribuent à notre souveraineté globale, ou a une chaîne de sous-traitance indispensable. Il doit aussi valoriser et faire réussir les initiatives qui naissent sur la diversité des territoires et inscrire dans la durée les moyens de réussir à former aux compétences nouvelles dont nous avons besoin.
De ce point de vue, même le constat et les alertes du Haut-commissaire au Plan ne sont pas entendus. François Bayrou, dans un récent interview dans Marianne disait lui-même : « Nous défendons l’idée qu’il faut une stratégie filière par filière », et regrettait que certaines politiques publiques annoncées par le gouvernement ne se soient pas doublées d’un volet destiné à accroître la production de biens en France. Il donnait un exemple « Le gouvernement travaille à juste titre sur le handicap et a annoncé la gratuité des fauteuils roulants sans introduire une stratégie de production de ces fauteuils en France. Nous en importons pourtant dix fois plus qu’on n’en exporte », et citait d’autres domaines comme le vélo ou des appareils auditifs.
Il faut mobiliser les partenaires sociaux et associer les organisations syndicales qui souvent voient les menaces qui se profilent mais aussi les opportunités à saisir. Ils sont de précieux interlocuteurs tant ils sont attachés au maintien des usines en France.
Le débat sur le plan industrie verte doit être l’occasion, je l’espère, de prendre la mesure des transformations de méthodes qui ne s’imposent, pas seulement en favorisant les productions les plus décarbonées dans quelques secteurs. N’oublions pas que plus nous produisons les produits que nous consommons, plus nous relocalisons, plus nous combattons l’effet de Serre.
Il faut une nouvelle stratégie industrielle !

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