Ne pas céder face aux instances européennes

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

1607407_3_2ece_olli-rehn-le-commission-europeen-charge-des_d4a1d0e64f3c8006f74407860fb73032Le gouvernement semble déterminé à ne pas céder aux injonction et menaces de la Commission européenne sur le projet de budget 2015. Et le premier ministre a raison de rappeler que le parlement français est seul souverain pour voter le budget de notre pays.

Il doit assumer ce rapport de force avec la Commission européenne et les tenants de la ligne d’austérité comme Mme Merkel.

La déflation qui s’installe en Europe est bel et bien le fruit de l’application du pacte de stabilité, de la priorité accordée à la réduction de déficits au détriment de la croissance et de l’emploi, de la course effrénée aux réformes structurelles qui appauvrissent les peuples, affaiblissent nos modèles sociaux et la demande intérieure.

Cette politique n’est pas acceptable. Elle doit changer. Il est donc nécessaire que la France manifeste clairement son refus de poursuivre dans cette voie, l’exigence d’une réorientation, et au-delà propose une nouvelle feuille de route pour sortir notre continent de la crise.

Bien sûr, la droite va en rajouter dans la mise en cause de notre pays et les plaidoyers pour les critères budgétaires européens, oubliant au passage les dérapages permanents des comptes publics et le creusement abyssal de la dette lorsqu’elle était au pouvoir.

Aussi, il est important que la gauche soutienne l’exécutif français dans son bras de fer avec Bruxelles.

hollande-attends-a-forum-at-the-french-economic-and-social-council-headquarters-in-parisIl est essentiel que le Président de la République et le Premier ministre mesurent que cette fois-ci, il ne faut pas lâcher prise dans la confrontation. D’abord, parce que les Français, en élisant François Hollande, ont opté pour une réorientation de l’Union Européenne et la priorité à une stratégie de croissance ; ensuite, parce que la situation s’est détériorée dans la plupart des pays et elle se détériore désormais même en Allemagne.

La France doit parler haut et fort aux peuples de nos 28 pays qui n’en peuvent plus des politiques d’austérité et de l’absence d’une perspective d’avenir. Elle doit chercher des alliés. Mais aucun pays ne bougera, ne rejoindra ce combat, si ne s’exprime une sérieuse détermination.

La France ne saurait accepter d’être mise sous tutelle par l’Allemagne et doit refuser purement et simplement de signer, à la demande de nos voisins d’outre-Rhin, un calendrier de « réformes structurelles » que notre pays s’engagerait à mettre en œuvre.

En Allemagne, les difficultés économiques qui se profilent rendent d’autant plus insupportables les grandes inégalités et le niveau élevé de pauvreté. Les contestations face à la Chancelière montent. Et là, comme ailleurs, un nombre croissant d’électeurs s’orientent vers l’extrême droite et le parti anti Euro. Certes, Mme Merkel peut être tentée de poursuivre dans le refus de toute nouvelle voie, mais elle sera vite en difficulté dans la grande coalition sur sa droite et sur sa gauche, car le SPD recule dans les sondages et ne pourra pas durablement cautionner une politique d’austérité.

Il est temps d’entreprendre ce qui aurait du être fait en juillet 2012, à la suite de l’élection présidentielle.

Il est clair qu’il faut non seulement refuser de revoir la copie budgétaire à l’aune des vues de la Commission, mais, au delà de la suspension du pacte de stabilité, la France doit présenter un feuille de route alternative sur la sortie de crise de l’Union Européenne.

Nul besoin d’insister à nouveau sur la grave erreur commise avec la ratification du TSCG (automne 2012). Nous en voyons nettement aujourd’hui les néfastes conséquences. Ce qui compte maintenant est qu’enfin la France refuse de s’aligner à ce que l’on prétend lui imposer.

Tout sera-t-il réglé pour autant ? À l’évidence non, et le budget proposé ne répond pas à l’urgence d’une relance pour la croissance et l’emploi. Mais sortir des dogmes et contraintes européens est indispensable et permettrait de rouvrir le débat sur la politique économique et sociale pour réussir le redressement dans la justice.

Si le gouvernement n’a pas notre approbation pour son projet de budget 2015 et le pacte de responsabilité, nous le soutiendrons cependant dans sa confrontation européenne. Il ne doit pas céder.

LES DERNIERS ARTICLES