Dans L’Opinion : « La gauche du PS sort l’artillerie lourde contre la «loi Macron» »

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Article publié le lundi 15 décembre par Raphaël Proust que vous pouvez retrouver ici http://www.lopinion.fr/15-decembre-2014/gauche-ps-sort-l-artillerie-lourde-contre-loi-macron-19422

Le mouvement «Maintenant la gauche» diffuse un argumentaire qui vise à détruire le projet de loi porté par le ministre de l’Economie.

marie-noelle-lienemann-pays-sipaLes faits -­ Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a misé dimanche sur un «travail de conviction» pour faire voter le projet de loi pour la croissance et l’activité, qui prévoit notamment l’extension du travail le dimanche, objet de vives critiques à gauche. Son projet doit arriver en janvier devant le Parlement.

Les mots sont durs, tranchants mais choisis comme tels. Conformément à ce qu’elle avait annoncé, l’aile gauche du Parti socialiste aiguise ses couteaux contre la «loi Macron». Le mouvement «Maintenant la gauche», animée par la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann, vient de diffuser auprès des militants et du public un argumentaire de quatre pages qui descend en règle le projet de loi «croissance et activité» du ministre de l’Economie. Il y est question d’un gouvernement «qui se met en position de servitude volontaire», des «combats de la gauche» qui s’effacent «devant les valeurs de la droite» et de la «dérive idéologique» d’un «prototype de la loi libérale avec un grand “L”»… Un verbe offensif qui n’a rien à envier aux tracts du Parti socialiste à l’époque du quinquennat de Nicolas Sarkozy.
D’ailleurs, à en croire les déclarations récentes de plusieurs membres de la gauche du parti, le PS aurait presque basculé à nouveau dans l’opposition. «Voilà quelle était la position du Parti socialiste quand Nicolas Sarkozy proposait l’extension du travail le dimanche» a indiqué dimanche sur Twitter l’ex-ministre de l’Education Benoît Hamon, en partageant un tract de 2008 au titre évocateur : «Mon dimanche, j’en ai besoin». Le document appelait justement à se mobiliser contre l’ancien président qui avait «décidé de passer en force pour généraliser» le travail dominical.

Six ans plus tard, c’est «parce que nous étions opposés à la logique de ce texte dans l’opposition (…) que nous le restons une fois dans la majorité», expliquent les rédacteurs de l’argumentaire de «Maintenant la gauche» qui dénoncent une un projet de loi «à fort contenu idéologique». Comprendre : une loi de droite.

La fracture est béante au sein du PS. Samedi, en Conseil national, l’aile gauche a tapé du poing sur la table et annoncé officiellement qu’elle se mobiliserait contre le projet de loi. Le vocabulaire est guerrier, on parle désormais de «bataille». «La loi Macron pose un certain nombre de questions idéologiques, pas seulement sur le travail du dimanche», a souligné le député européen Emmanuel Maurel. Pour les membres de «Maintenant la gauche», toutes les mesures du texte posent problème. Si les contreparties à l’extension du travail le dimanche sont jugées maigres, l’argumentaire s’inquiète aussi des conséquences d’une «réforme dangereuse du droit du travail», d’une loi qui «déréglemente,
privatise et met en concurrence», «contourne le Parlement», «empêche le débat public» et qui «ne comprend pas les mesures structurelles indispensables» à la relance et à la croissance. Le «sens caché» de la réforme serait à chercher, selon les rédacteurs, «dans l’agenda libéral de la Commission» qui en ferait une «monnaie d’échange» contre un nouveau délai pour ramener le déficit public sous les 3% du PIB.

Ce texte au vitriol n’est qu’un avant-goût de ce qui attend Emmanuel Macron à la rentrée. A l’Assemblée nationale, les «frondeurs» du PS devraient prendre le relais une fois passées les fêtes de fin d’année. Le groupe socialiste n’est d’ailleurs «pas prêt à voter en l’état» le projet de loi en raison des dispositions sur le travail dominical, a estimé lundi Aurélie Filipetti, ancienne ministre de la Culture et députée de la Moselle. Le «travail de conviction» du ministre de l’Economie ressemble de plus en plus à un chemin de croix.

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