Une stratégie offensive pour défendre les retraites

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Revaloriser le niveau des pensions, refuser le passage du privé à 41 annuités, dégager de nouvelles recettes pour le régime de répartition, informer réellement les citoyens, négocier l’avenir des régimes spéciaux en refusant les reculs.

On pourrait attendre des dirigeants socialistes une stratégie offensive sur la question des retraites, plutôt que le pathétique « sauve qui peut » actuel : le seul discours du week-end tant de Julien Dray que de François Hollande fut un appel à la négociation. L’éternelle critique sur la méthode  cache mal des collusions sur le fond et le vide des propositions. L’embarras vient tout à la fois de l’incapacité à élargir l’enjeu, d’imposer des priorités de gauche, et de cette habitude désormais chronique – dés la présidentielle- de se laisser enliser sur les sujet choisis par N Sarkozy. Il n’est pas neutre que la seule question traitée  par la droite soit celle des régimes spéciaux et des pseudos privilèges  des cheminots et salariés de ces secteurs !  La force de la droite vient aussi de la faiblesse de la gauche qui a renoncé à toute pédagogie sur la réalité de ces régimes et est incapable de contrecarrer la superficialité de certaines  affirmations du genre « ils doivent être mis au même niveau que les autres ! »

Le plus grave est l’absence de propositions et de cadre alternatif à la politique néolibérale qui rabote considérablement  nos retraites et veut réduire à minima le système par répartition !

Alors nos dirigeants se contentent de suivre les sondages. On ne doit
plus accepter ce degré zéro de la politique qui nous fait si mal depuis
quelques temps.

Coller à l’opinion qui désapprouve les grèves n’est d’aucun secours
politique et valide la thèse selon laquelle  N Sarkozy a raison. A
l’issue du conflit, s’il impose son point de vue, il sera le grand
réformateur que la gauche aurait  été incapable d’être, sans être même
affaibli par le caractère  destructeur de  sa politique, dont la
logique n’a pas été contestée. S’il doit reculer, le coté piteux et
frileux du PS sera patent pour beaucoup de salariés et le « tous les
mêmes » continuera son  ascension.  De plus, s’installera un peu plus
dans les esprits, l’idée que les réformes sont obligatoirement
libérales et le recul de notre modèle social inéluctable. Thèse qui
fait les beaux jours de la droite pour pas mal de temps si nous ne le
combattons  pas et l’attente passive de la chute de confiance du
président de la république ne suffit pas à assurer la victoire de la
gauche et son regain de crédit.

Alors les socialistes doivent se ressaisir et défendre leurs priorités sur les retraites :

-1 La réforme Balladur, timidement contestée hier par certains caciques
de notre parti, montre ses effets ravageurs: le niveau des retraites à
considérablement chuté et les petites retraites (souvent des femmes) se
rapprochent du seuil de pauvreté… La question du niveau des retraites est la question principale.
Et pas seulement celles des très basses retraites, mais aussi celles
des salariés moyens. Le calcul sur les 25 dernières années est
évidemment redoutable, ainsi que l’indexation sur l’inflation
(sous-estimée par ailleurs,  surtout si on regarde l’évolution des
charges fixes comme le logement !). Or l’allongement de  la durée de
cotisation ne résout  rien de tout cela, au contraire. La réalité est
que la durée de cotisation théorique pour garantir une retraite à taux
plein, n’a rien à voir avec le temps réel  de travail (qui n’est pas
choisi par les salariés, la plupart du temps). Ainsi, La moyenne
réelle  d’activité des français est restée à 37 annuités, en dépit des
réformes. Les Français ne travaillent pas plus longtemps, en revanche
le niveau des retraites, du coup a baissé.
Il est donc essentiel d’arrêter net cet allongement des durées de
cotisations et d’imposer un nouveau calcul des retraites et de leurs
indexations.
C’est d’autant plus vrai que le privé va passer en
2009 à 41 ans … Le cycle va recommencer ceux qui seront à 40 seront des
privilégiés etc….
Il est fondamental de fédérer à nouveau tous les salariés pour défendre un avenir commun.

Le PS doit exiger l’abandon du passage à 41 ans dans le privé et un nouveau calcul du montant des retraites.

2-De nouvelles recettes sont possibles :

–    Faire payer des cotisations aux stock-options, et autres
système d’intéressement, épargne salariale, octroi d’actions gratuites.
C’est au total plus de 3 Milliards par an pour les régimes de retraites
qui serait mobilisable. (10 pour toute la protection sociale)
–    Abonder comme prévu le fond de réserve qui est asséché par la droite, préférant des cadeaux fiscaux aux riches au versement initialement programmé pour ce fond.
–    Tenir compte, dans la durée des excédents de l’assurance chômage.
Car les effets démographiques ne sont pas tous dans le même sens. Les
mêmes experts qui annoncent un lourd déficit des régimes de retraite,
prévoient un bon excédent de l’UNEDIC. On peut organiser un système de
vase communicant.
–    Il faut d’ailleurs prendre avec des pincettes les projections dans 10 ou 20 ans
: les précédentes ont été infirmées et si nous avions pris en compte
les remarques du livre blanc sur les retraites du gouvernement Rocard
en 1989, nous serions depuis belle lurette à une retraite à 65 ans voir
68 comme les allemands. Les experts de l’époque prévoyaient des
déficits abyssaux dés 2005.
-La vigilance, certes, l’alarmisme non !

Le PS doit proposer de nouveaux financements.

3- Relativisons la question des régimes spéciaux et disons la vérité.

Les régimes spéciaux sont loin d’être la question centrale de la réforme des retraites. Les retraites des régimes spéciaux représenteront 1,62 % du montant global des retraites dans 20 ans.
Faire croire que s’intéresser au sujet va régler les problèmes est une vaste fumisterie.

Ces régimes ne coûtent pas aux français et d’autres régimes sont eux très déficitaires.
Et pèsent sur le régime général des salariés, comme les retraites des agriculteurs ou des artisans,
sur lesquelles personne ne se penche ou ne dénonce les déséquilibres.

Les cheminots cotisent plus que les autres : Leurs cotisations
retraite s’élèvent à 36 % contre 26 % pour un salarié du privé soit 10%
de plus. Et le taux moyen de liquidation des pensions des régimes
spéciaux n’est pas le taux théorique de 75 % mais le taux réel de 62 %.
Ainsi le niveau des retraites est moindre. Alors cessons de
présenter les régimes spéciaux comme des privilèges considérables… Il y
a bien d’autres injustices à combattre.

Les « annuités » ne se comptent pas de la même façon dans le public et le privé.
Alors le slogan de la droite repris par la direction du PS «  40
annuités pour tous» est une absurdité. En réalité les annuités
correspondent au temps réel effectué dans le public , alors même
qu’elles sont calculé sur la base des salaires versés dans le privé,
avec aussi des règles spécifiques pour le temps partiel et d’autres
critères. En général, le calcul annuités est plus favorable dans le
privé, et plus encore pour les bons salaires ! On ne peut pas comparer
des carottes et des navets !

Il faut espérer que les négociations ouvertes aujourd’hui, permettent
d’avancer et de rectifier les fausses propagandes véhiculées par la
droite et par certains même à gauche. Mais la défense des retraites,
celle du pouvoir d’achat des retraités  et des salariés exige une
offensive de toute la gauche et une sortie du PS de sa torpeur actuelle.

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