4 bonnes raisons pour voter contre ces primaires, qui ne sont pas un atout pour la victoire en 2012, mais plutôt un risque!

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Pourquoi le projet de primaires socialistes ouvertes présenté au CN du 8 juin est inacceptable?
• Ce sont des primaires socialo-socialistes et non des primaires pour un candidat de large rassemblement à gauche.
• Elles acceptent sans nuance la présidentialisation et elles renforcent la personnalisation
de la politique.
• Elles conduisent à l’effacement des partis et à une dépolitisation accélérée.
• On peut craindre un vote sous influence.


1- Ce projet n’est pas conforme au message prioritairement émis par les militants socialistes lors du vote du 1er octobre 2009.

Deux options avaient alors été soumises au vote et les militants avaient clairement préféré celle qui faisait le choix de « primaires dans le cadre d’un rassemblement des forces de gauche autour d’une plateforme commune ».
Ce n’est absolument pas ce qui nous est maintenant
présenté avec l’organisation de primaires pour désigner le seul candidat PS et non pour départager des candidats issus de différentes familles
de la gauche et de l’écologie.
Il ne s’agit plus de créer une mobilisation citoyenne pour réussir l’union mais de mettre en place une machine qui dévitalisera le parti, dont les adhérents seront dépossédés du choix de celle ou celui qui les représentera dans le combat politique majeur.

2- Ce projet renforce l’acceptation de la présidentialisation de la Vème République.

La composition du « corps électoral » des primaires, ouvert à tous ceux qui veulent soutenir le candidat socialiste, est supposée conférer à celui-ci une légitimité
supérieure à celle qu’il aurait par le vote des seuls militants. Mais il se trouve que le programme et le projet seront, eux, arrêtés par une « convention extraordinaire » du PS, donc par les seuls militants socialistes.
Il est donc clair que le programme et le projet ne s’imposeront pas au candidat retenu…..qui pourra faire valoir que ses positions auront été validées par un nombre bien plus conséquent de Français que les thèses du PS ! On bascule ainsi dans une présidentialisation de notre vie interne et même de la vie politique au sein de la gauche.
A l’opposé de cette démarche, qui se limite au choix du candidat à la présidentielle, un large débat avec les militants associatifs et syndicaux sur les choix programmatiques permettrait de mieux prendre en compte leurs attentes et leurs idées et contribuerait à redonner force au débat politique.
Il n’est pas inutile de rappeler que nos valeurs privilégient la délibération collective sur le fond par rapport au casting destiné à choisir celui ou celle à qui on confierait les arbitrages essentiels.
Si nous sommes naturellement obligés de « faire avec » les institutions actuelles, il ne faut pas en devenir prisonnier, d’autant que nous disons vouloir les transformer en profondeur et redonner un pouvoir effectif au Parlement.

3- Ce projet conduit à l’effacement des partis et à une dépolitisation accélérée

Il est prévu que le candidat pourra s’exonérer sur tel ou tel point du projet voté, en présentant ses propres options. Or, un programme est nécessairement un équilibre, un compromis entre différents points de vue et des revendications diverses, permettant à chacun d’adhérer à la vision d’ensemble. La politique a justement pour fonction d’assurer cette cohérence et ce rassemblement. Permettre au candidat, s’appuyant sur le vote de personnes n’ayant pas participé aux débats programmatiques, de changer des éléments majeurs de cet équilibre revient à remettre en cause la ligne du PS, son unité et sa capacité à gagner.

Cette logique risque de porter un coup fatal aux partis et à leur rôle essentiel d’élaboration collective et d’éducation populaire, politique et civique. La formation politique n’est pas un luxe superflu. Elle prépare les adhérents des partis à inscrire leur pensée et leurs analyses dans une réflexion historique, dans une vision globale et collective, construite autour de valeurs.

Il est frappant de constater que les pays ou des primaires sont organisées sont aussi ceux où les débats idéologiques sont faibles, les clivages gauche /droite estompés, au point d’ailleurs qu’aux Etats- Unis et en Italie (cités comme modèles), il n’y a pas ou plus de parti socialiste ! Est-ce que nous voulons ? Est-ce que cela permettrait la victoire de la gauche en 2012? Certainement pas. La gauche ne gagnera que rassemblée et sur la base d’une alternative politique claire.

4- Une élection qui risque d’être sous influence

Il n’est pas certain que le candidat sorte de cette procédure aussi renforcé qu’on l’annonce.
En effet, bien des dérives et des manipulations sont possibles, à partir du moment où les seules contraintes pour voter sont le paiement d’une somme symbolique d’un euro et la signature d’une vague « déclaration de principe (via un émargement) s’engageant à soutenir les valeurs de la gauche ».
Ce risque est réel, dans la mesure où ce type de désignation est très sensible à l’opinion dominante, aux modes éphémères, à l’air du temps, aux commentaires des médias, sans même parler du poids des sondages….habilement commandés et publiés.
Ceux qui ont les yeux rivés sur le sondages feraient bien de regarder de près certaines analyses comme celle publiée par le parisien du 4 juin 2010 ( sondage CSA).Ce sondage est clair: 71% des sympathisants
socialistes participeraient à ces primaires, ainsi que 20 à 25% des électeurs de droite et même 30% des électeurs d’extrême droite !!

Il est facile de montrer qu’un candidat pourrait ainsi être élu contre la volonté de l’électorat de gauche. On imagine ce que serait alors les graves conséquences politiques qu’entraînerait un tel cas de figure.

5 Pour conclure,ces primaires ne sont pas un atout pour l’emporter en 2012, mais plutôt un risque.

La comparaison avec l’élection d’Obama est sommaire. C’est le programme, le « Changer » d’Obama qui a fait sa victoire et non les primaires. D’ailleurs, Mac Cain a lui aussi été désigné par des primaires!
C’est la capacité des deux principaux rivaux démocrates (Hilary Clinton et Barack Obama) à se rassembler qui a été déterminante et a permis une campagne de terrain.
La clef du succès, c’est donc bien la stratégie de rassemblement et le contenu du projet, de la plateforme législative et gouvernementale.
A supposer qu’il ne soit pas possible d’avancer vers une candidature de large rassemblement de la gauche et des écologistes, il faut pour le moins oeuvrer à la réalisation d’un manifeste, d’une plateforme législative commune, avant la désignation de tout candidat à la présidentielle. Le calendrier retenu jette l’éponge un peu vite et ne présente la participation éventuelle d’autres forces à ces primaires que comme un ralliement à la procédure décidée unilatéralement par le PS, ce qui n’a guère de chance de convaincre nos partenaires.
Tout devrait donc être fait d’ici l’été 2011 pour assurer l’établissement d’une plateforme législative avec nos partenaires de gauche et écologistes, évaluer avec eux s’ils souhaitent différentes candidatures à la présidentielle ou s’il est possible de se mettre d’accord sur une candidature de large rassemblement.
Dans ce cas seulement, des primaires peuvent avoir un sens. Ce n’est malheureusement pas cette voie qui est proposée au vote des militants socialistes.
En effet, s’il s’agit de choisir le seul candidat du PS, le mode de désignation le plus efficace est celui
qui permet le rassemblement des socialistes et donc qui limite les tensions autres que la légitime compétition autour des atouts des uns et des autres. Il n’est pas utile de tenter de séduire le plus grand nombre de sympathisants occasionnels à 1 euro.
Si un candidat s’impose de fait, les primaires strictement socialistes tourneront au plébiscite ; elles ne serviront à rien et mobiliseront peu. Si, par contre, le jeu est ouvert entre les candidats et le résultat serré, il sera difficile de recoller les morceaux au sein de l’électorat socialiste comme de réussir le rassemblement de toute la gauche.
L’organisation de primaires strictement socialistes peut accroître les tensions internes (conflits de légitimité, critique du corps électoral et de sa représentativité, sincérité du scrutin, litiges……) et compliquer les relations avec nos partenaires, qui risquent de ressentir comme du débauchage l’appel à tous les citoyens « de gauche » à participer à « nos » primaires !

Et dans tous les cas, elle accélèrera l’effacement des partis dans notre vie politique. De Gaulle, en instituant la Vème République, voulait faire disparaitre les partis. Ne lui donnons pas raison.

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