Soutenir l’investissement privé, faire les bons choix, changer de priorités: la modernisation industrielle d’abord !

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industrie-franceLe vrai sujet de notre compétitivité est bien d’abord et avant tout le redressement productif, la modernisation industrielle et donc l’investissement.

Pour moi cet enjeu n’est pas nouveau et j’avais dès la création du CICE et plus encore lors de l’annonce du pacte de responsabilité dénoncé l’erreur d’analyse qui faisait porter l’effort de compétitivité sur le prétendu  » coût du travail » plutôt que sur la modernisation de l’outil productif, sa mutation tant au regard de l’entrée du numérique, des technologies innovantes que de la montée en gamme de produits.

J’avais avec mes camarades condamné la gabegie d’argent public avec des allègements de cotisations sans contreparties et surtout sans ciblage. Il était essentiel de ne verser des aides qu’en contrepartie d’emplois ou d’investissements, ou pour soutenir des secteurs industriels confrontés à la concurrence extérieure.

Mieux vaut tard que jamais.  Ce que le gouvernement a refusé hier, il va peut-être enfin y prêter attention. Il serait temps.

J’avais d’ailleurs dans le même esprit déposé des amendements à la loi de finance 2015. D’une part, la mise en place d’un amortissement accéléré sur 24 mois étendu à l’ensemble des technologies de production et limité aux PMI et ETI. Ce dispositif traduirait la volonté des pourvois publics de transformer davantage de PMI en ETI, pour qu’elles puissent se projeter sur les marchés extérieurs. Actuellement limité aux robots, il faudrait quadrupler l’effort budgétaire pour répondre à ce nouvel objectif pour les seules PMI. Ensuite, la création d’un « Crédit Impôt Investissement » accessible aux seules PMI relevant d’un régime réel d’imposition qui réalisent des investissements productifs pour les besoins d’une activité industrielle.

Ces dispositions ont un coût  très faible au regard loin des milliards engloutis dans  le CICE et autre pacte de responsabilité. Qui plus-est,  pour la première, il ne s’agit pas de pertes sèches puisqu’en fait, ces exonérations auraient eu lieu, mais étalées dans le temps. Évidemment Bercy qui prétend défendre la compétitivité des entreprises et découvre aujourd’hui les retards en investissement privé avait refusé!!! Pourtant bon nombre de socialistes avaient retenu cet amendement…

J’avais dans le même temps écrit à Emmanuel Macron pour attirer son attention sur l’urgence de cette mesure, j’y indiquais:

« Le rapport Gallois soulignait le déficit d’équipement de notre tissu dentreprises en technologies de production. La question de la robotique industrielle est lillustration du premier point. Si 34 500 robots industriels sont actifs en France, on en compte deux fois plus en Italie et plus de quatre fois plus en Allemagne. La France accuse en effet un retard considérable dans l’équipement de son industrie par ces technologies désormais essentielles à toute stratégie de développement

Selon une enquête réalisée auprès de 800 industriels français, un tiers dentre eux évaluent leur outil de production comme « non compétitif », de par notamment lancienneté de leurs machines. Entre 2002 et 2012 le recul de linvestissement par rapport au stock de capital a conduit la France a engrangé un retard de 42 mds . La baisse extraordinaire des investissements industriels français de 21 % en 2009 na dailleurs jamais été compensée. Lobsolescence accrue de notre outil de production (variation de 10 000 machines de moins de 15 ans entre 1998 et 2013) a réduit considérablement notre capacité à produire des produits à forte valeur ajoutée, contrairement à lAllemagne qui a modernisé son parc de machines (+ 95 000 machines de moins de 15 ans sur la même période) augmentant ainsi sa capacité à fabriquer des produits plus complexes. L’âge moyen du parc de machines-outils en France est aujourdhui de 19 ans.

Des mesures ont déjà été engagées notamment pour la robotique : Plan Robotique, amortissement exceptionnel (24 mois) pour lintégration dun robot dans une PME, déploiement du programme de primo robotisation START PME, prêts bonifiés par BPI Groupe. Cependant la démarche na pas été poussée au bout de sa logique. Il faut désormais aller plus loin, plus vite et plus fort en favorisant et en étendant les soutiens financiers de lEtat. Des initiatives simposent dès 2015 sans attendre le saut technologique que prépare le programme « usine du futur pour les PME ». Lobjectif des 34 plans pour la « Nouvelle France industrielle » est intéressant mais ne répond pas aux mutations immédiates indispensables. La montée en puissance des process de fabrication additive doit nous conduire à des évolutions très rapides, aussi je me permets dinsister en faveur de deux mesures immédiates.. »

Là encore aucune prise-en-compte.

Des crédits budgétaires manquent dès à présent. Il faut réagir.

Mais depuis, les financements qui étaient consacrés au  plan START PME s’avèrent notoirement insuffisants. C’est la raison pour laquelle, une nouvelle fois, j’interpelle le ministre lui demandant de toute urgence de compléter immédiatement les crédits budgétaires indispensables et par ailleurs lui rappelant la nécessité de relancer une politique efficace de soutien aux investissements productifs:


 

Ma nouvelle lettre à Emmanuel Macron:

Monsieur le Ministre,

Je me permets à nouveau d’attirer votre attention sur la modernisation de l’appareil productif de notre pays. En effet, la compétitivité de l’économie française procédera tout à la fois de cette modernisation et de la montée en gamme de nos produits.

Or, comme je vous l’écrivais dans mes courriers du 13 novembre 2014 et du 16 février 2015, la France accuse un retard en la matière. Je n’ai cependant pas reçu de réponse à cette dernière lettre.

Depuis, j’ai appris que le programme ROBOT Start PME, qui devait soutenir les PME primo-accédantes à la robotisation, qui avait été lancé par votre prédécesseur et s’inscrivait dans le cadre du plan national pour la robotique « France Robots Initiatives » manquerait aujourd’hui de financements. 250 PME devait bénéficier de ce programme, sur une durée totale de deux ans et demi.

Or, il s’avèrerait que les crédits ont déjà été engagés en totalité et que seul un peu plus de la moitié de l’objectif en termes de nombre de PME ait été atteint. Il semble donc que les besoins budgétaires ont été sous-estimés. Il me paraît donc nécessaire que les crédits affectés à ce plan soient abondés afin de le mener à terme.

Je me permets également de vous demander d’étudier dans les meilleurs délais deux mesures que je vous avais suggérées, et sur lesquelles vous ne m’avez pas répondu. Elles ont le mérite de ne mobiliser que peu de crédits, car il s’agit uniquement d’anticiper des avantages fiscaux déjà largement préexistants. Cependant, les effets modernisateurs qu’ils pourraient avoir permettraient de participer de la relance de l’économie et de générer des recettes qui nous manquent aujourd’hui cruellement.

C’est d’autant plus important d’accélérer le mouvement de modernisation à un moment où l’euro faible permet d’espérer accroitre les exportations hors union européenne.

C’est pourquoi je me permets d’insister sur ces deux mesures :

1/ La mise en place d’un amortissement accéléré sur 24 mois étendu à l’ensemble des technologies de production et limité aux PMI et ETI. Ainsi, le coût serait négligeable, puisqu’il s’agit d’une mesure de trésorerie, qui irait dans le sens de l’innovation et la modernisation de notre industrie. Ce dispositif traduirait la volonté des pourvois publics de transformer davantage de PMI en ETI, pour qu’elles puissent se projeter sur les marchés extérieurs. Actuellement limité aux robots, il faudrait quadrupler l’effort budgétaire pour répondre à ce nouvel objectif pour les seules PMI.

2/ La création d’un « Crédit Impôt Investissement » accessible aux seules PMI relevant d’un régime réel d’imposition qui réalisent des investissements productifs pour les besoins d’une activité industrielle. Cela permettrait de relancer l’investissement industriel tout tenant compte des objectifs que vous avez fixés en termes de diminution des dépenses publiques. Ce dispositif aurait vocation à être élargi à moyen terme, aux ETI. Il pourrait être financé par un ciblage plus orienté vers l’investissement ou l’emploi d’autres dispositifs fiscaux en direction des entreprises.

Alors que la croissance paraît frémir à nouveau dans l’Union Européenne, il n’est pas envisageable que nos entreprises soient dans une situation de faiblesse au moment de répondre à la progression de la demande.

Je reste évidemment à votre entière disposition pour évoquer avec vous ou votre cabinet ce sujet et vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes respectueuses salutations.


 

Cibler l’aide à l’investissement : le productif et non l’immobilier

Mais il est très important de bien délimiter la nature des investissements que la puissance publique doit soutenir. Il y a bien sur la recherche, l’innovation, la modernisation des outils de productions, les logiciels, progiciels etc.. Mais en aucun cas des investissements immobiliers. Car c’est une faiblesse coupable des entreprises françaises qui ont souvent privilégié l’investissement immobilier aux autres.

 

 

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