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On ne peut plus attendre ! Une embellie modeste de la croissance ne suffira pas stopper la hausse du chômage

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pole-emploi« Il faut être réaliste », nous dit-on avec condescendance. Comme si être de gauche c’était nécessairement s’enfermer dans des rêves inatteignables. Bien sûr, soyons réalistes et partons du réel. Et s’agissant du chômage, cela ne fait pas plaisir à entendre mais les chiffres sont accablants.

Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité a bondi en avril de+26 200 personnes, soit une augmentation de +0,7%. Ce nombre atteint +54 100 en incluant les chômeurs ayant eu une petite activité, soit une hausse de 1% en un mois. L’ampleur de ce bond est inédite depuis 2013 et l’on atteint un total de 5,34 millions de personnes, 5,64 avec l’Outre-mer, qui cherchent désormais du travail, du jamais-vu. En un an, le chômage a augmenté de +5,1% en un an pour les chômeurs sans aucune activité.

Pour les plus de 50 ans, la hausse atteint +0,9% en un mois, +8,7% en un an. Il faut dire que l’allongement de l’âge de départ en retraite et celui du nombre de trimestres cotisés n’arrangent rien. Non seulement, le nombre de chômeurs augmente mais les retraites diminuent. Et il y a de plus en plus de retraités pauvres… et certains se glorifient d’avoir fait la réforme du système de retraites soit disant pour les sauver. La réalité est tout autre. Elle est terrible pour un nombre grandissant de seniors. De surcroit, Manuel Valls annonce le report de la mise en place du compte pénibilité qui était présenté comme une contrepartie importante du retard du départ en retraite…

A l’autre bout, le chômage des jeunes, qui avait connu une accalmie, grâce notamment aux emplois d’avenir et dans une moindre proportion aux contrats de génération, connaît une dégradation (+0,8% en avril, +2,2% sur un an).

La courte durée de ces contrats, en comparaison des « emplois jeunes », amène aujourd’hui aux premières sorties, dans un contexte où il n’est guère aisé de trouver un emploi. Si le gouvernement souhaite créer 100 000 contrats aidés supplémentaires, il conviendrait de les allonger pour garantir une meilleure insertion ensuite.

Reste que, pour utile et positive que soit cette politique des contrats aidés, elle n’est pas de nature à stopper la hausse constatée et hélas prévisible du nombre de demandeurs d’emplois. Il faut une croissance soutenue, une croissance écologique et sociale créatrice d’emploi.

Le gouvernement attend un rebond avec la montée en puissance du pacte de responsabilité. Mais il est à craindre que les mêmes causes créent les mêmes effets. Faute d’être ciblés et sans contreparties exigées, les allègements de cotisation, à l’instar de ce qui est constaté pour le CICE ne créeront pas de façon significative des emplois.

Le gouvernement se rassure en espérant que le frémissement observé au premier trimestre (+0,6 %) soutiendra une croissance annuelle de plus de 1%. Les experts s’accordent à penser qu’en dessous de 1,5 %, le chômage continuera à grimper. Les prévisions de 2015 sont mauvaises, celle de 2016 seraient meilleures. Mais rien n’est assuré et même les chiffres les plus optimistes ne sont pas susceptibles d’induire un recul du chômage perceptible par nos concitoyens. Car une chose est la publication de chiffres généraux, de statistiques moyennes, une autre est la vie des gens, l’effet constaté.

Qui plus est, la croissance supplémentaire de ce trimestre s’explique très largement par la baisse du prix du pétrole qui a injecté des milliards d’euros en pouvoir d’achat pour les ménages et allégé les dépenses des entreprises. Pourvu que cela dure !

Mais une autre raison évoquée est la hausse de la consommation d’énergie au regard du temps peu clément. La vente des produits combustibles a été ainsi dopée. Il n’est pas certain que cela soit une bonne nouvelle ni pour le changement climatique, ni pour l’emploi induit.

Ainsi il est plus qu’hasardeux d’attendre, et de se contenter des seules mesures de traitement social du chômage. Il est devenu très urgent d’engager une relance et d’engager un collectif  budgétaire dès juillet (arrêt des baisses de dotation aux collectivités, soutien au pouvoir d’achat des plus modestes, sélectivité du CICE et pacte de responsabilité, baisse CSG pour les premières tranches).

A la veille du congrès socialiste de Poitiers, la publication de ces chiffres devrait faire réfléchir les participants. Nous sommes au moins en droit d’attendre  que ce qui est inscrit dans la motion A soit mis en œuvre immédiatement au regard de l’urgence et de la gravité de la situation.

Mais cela suffira-t-il ? J’en doute.

Faut-il attendre de nouvelles déconvenues pour réagir et aller plus loin ? Je ne m’y résous pas.

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