Loi Travail

Retrait de la loi El Khomri

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loi el khomriLe bureau national du PS se réunit ce soir pour auditionner la ministre du travail, Myriam El Khomri. Le PS doit refuser d’être une fois de plus pris en otage par l’exécutif.

Pour contourner les désaccords qu’il connait avec le Parti Socialiste, le gouvernement utilise depuis de nombreux mois la stratégie du fait accompli et l’appel au soutien automatique et obligatoire.

Pour faire passer ses amères pilules, il se dit prêt au dialogue. Lui qui a annoncé tant de mesures et de lois en décalage avec nos principes, nos engagements et nos propositions. En vérité, seuls sont mis à la discussion les points mineurs de ce projet de « réforme » du droit du travail. Lâcher du lest, mais à la marge, pour conserver l’essentiel des mesures les plus contestables.

La direction du PS fait mine d’avoir été influente, reconnue et entendue. Mais il n’en est rien et les reculs sociaux se multiplient à mesure que le rouleau compresseur libéral avance.

L’identité même des socialistes est de faire progresser les droits sociaux, les droits des salariés, le progrès humain. Les socialistes français ont toujours eu comme fil conducteur de leur action le fait que le progrès social concourrait au progrès économique et ne saurait être dissocié l’un de l’autre.

Force est de constater que le gouvernement a cédé aux sirènes du MEDEF qui n’a qu’une seule stratégie pour reconquérir une prétendue compétitivité : la baisse du « coût » du travail et la remise en cause du droit du travail. C’est à l’opposé de toutes les convictions de gauche depuis toujours et de l’histoire du mouvement ouvrier et socialiste français.

Précariser, flexibiliser – et qu’on ne nous parle pas de flexi-sécurité lorsque dans le même temps on s’apprête à réduire et à rendre dégressive les allocations chômage –  ne crée pas réellement des emplois, et ne répond en rien aux enjeux qu’il faut appréhender rapidement et qui sont liés aux évolutions technologiques (robotisation, digitalisation, algorithmes).

La loi El Khomri va introduire au sein de notre pays la logique de dumping social que nous combattons en Europe et dans le monde. Elle reprend ce qui a été fait il y a plus de 10 ans dans certains pays, cherchant à mettre en concurrence les salariés européens les moins qualifiés avec ceux des pays émergents ou du tiers-monde. La conséquence globale est un recul dans les pays développés des salaires moyens, l’émergence des working poors (travailleurs pauvres) et l’absence de gain de marchés dans les échanges mondiaux (sauf pour certains pays où la gamme de produits est adaptée à une demande mondiale importante, telle les machines-outils). Qui ne voit aujourd’hui les conséquences politiques de ce lourd tribut payé par les peuples ?

Or, les pays qui se sont engagés dans cette voie de la flexibilité accrue n’ont pas gagné de croissance. Le FMI a d’ailleurs publié une étude qui démontre que cette dérégulation du travail n’a aucun effet positif sur la croissance potentielle. Les facteurs décisifs sont à chercher du côté des investissements technologiques, du niveau de formation des citoyens et de la qualification de la main d’œuvre.

Ce projet de loi a, comme le dit le « Xerfi Canal », une mondialisation de retard.

Si le Parti Socialiste cédait à ce chantage, il prendrait une très lourde responsabilité historique dont il subirait durablement les conséquences, à savoir un discrédit profond.

L’affaire de la déchéance de la nationalité, si elle devait aller jusqu’au bout – et en dépit des habillages de forme qui ne règlent rien au fond, en particulier sur la binationalité –  porte déjà un rude coup à nos conceptions républicaines, mais la loi El Khomri s’attaque maintenant à nos fondamentaux sociaux.

Le PS ne doit pas jouer cette pièce plus longtemps et changer de stratégie avec le gouvernement. Accepter de se faire contourner, c’est ne pas se faire respecter. C’est encore plus vrai lorsqu’une très grande majorité de Français désapprouve la loi proposée.

Refusons cette erreur majeure, économique, sociale et politique.

Refusons de nous lancer dans une guerre d’usure mortelle pour l’avenir et la crédibilité de la gauche.

Oui, le PS doit demander le retrait de ce projet de loi et que soit engagé un travail de fond avec les partenaires sociaux sur les vrais enjeux d’avenir pour l’emploi et le code du travail.

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