Intermittence

« Les salariés intermittents, une urgence oubliée par le gouvernement » – tribune collective dans Le JDD

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin

tribune collective publiée dans le JDD le 6 mars 2021 à 21h00, modifiée à 11h28 , le 7 mars 2021

La députée communiste Elsa Faucillon, qui anime le comité de suivi interparlementaire de la réforme de l’assurance-chômage, et ses collègues dénoncent le fait que les salariés intermittents aient été oubliés des mesures d’urgence.

Pour répondre à la crise, le ‘quoi qu’il en coûte’ a engendré fort légitimement l’usage massif du chômage partiel. Si celui-ci représente une réponse adaptée aux salariés stables, l’immense majorité des salariés à l’emploi discontinu ne peuvent en bénéficier. À la suite d’une forte mobilisation, le président de la République a pris des dispositions pour prolonger les droits des intermittents du spectacle afin qu’ils ne se retrouvent pas, du jour au lendemain, privés d’emploi et de ressource. Mais les intermittents de l’emploi, eux, n’ont rien eu.

Pourtant, dans une tribune publiée il y a plus de dix mois, de nombreux acteurs et réalisateurs insistaient sur la nécessaire égalité de traitement avec les autres intermittents : ‘Comment feront toutes celles et tous ceux que vous oubliez avec nous et dont l’emploi est, comme le nôtre, discontinu, travailleurs engagés en extra dans la restauration, l’hôtellerie, le nettoyage, le commerce?’* En effet, comme ceux du spectacle, les intermittents de l’emploi sont empêchés de travailler.

La baisse drastique des indemnités pour ceux dont l’emploi est discontinu est largement confirmée

 

Le constat est là : depuis un an, aucune réponse adaptée n’a été apportée à ces catégories de salariés. Ce sont les grands oubliés des mesures d’urgence. Jour après jour, les uns après les autres, il se retrouvent en fin de droits, sans salaire puis sans indemnité, basculant rapidement dans des situations de détresse et de pauvreté.

La promesse d’une aide garantissant un revenu de 900 euros pendant quatre mois est notoirement insuffisante et laisse encore à l’écart l’immense majorité d’entre eux. Pourquoi accorder une ‘année blanche’ aux intermittents du spectacle et pas aux autres salariés intermittents? Pourquoi verser 84% du salaire via le chômage partiel aux seuls travailleurs en CDI?

Alors que la situation de ces oubliés devient intenable, un an après le début de la crise, le gouvernement annonce la mise en place de la réforme de l’assurance chômage au 1er juillet. Un énième couperet pour les intermittents, et pour tous les chômeurs, actuels et futurs. Le durcissement des conditions d’accès au régime d’indemnisation (de quatre à six mois travaillés) sera conditionné à la conjoncture de l’emploi. En revanche, la baisse drastique des indemnités pour ceux dont l’emploi est discontinu est largement confirmée, malgré l’instauration d’un plancher.

Il est illusoire de considérer que la remise en cause des droits au chômage génèrera des emplois stables

 

Répondre à ces millions de salariés précaires par un déni de droit à l’assurance chômage est une aberration. Que les recours à l’intérim ou à toute forme de CDD soient voulus ou abusifs, justifiés ou non, il est illusoire de considérer que la remise en cause des droits au chômage génèrera des emplois stables.

Les millions de salariés intermittents de l’emploi doivent sans délai faire l’objet de mesures d’urgence afin d’éviter un désastre économique et social. A plus long terme, un vrai débat démocratique, éclairé et ne mettant à l’écart ni les organisations syndicales, ni les premiers concernés, doit être mené sur leur droit à l’assurance chômage. La voix de ces salariés, qui ne sauraient être laissés à l’écart de la solidarité interprofessionnelle, doit être entendue. »

* Le Monde, 30 avril 2020.

Première signataire : Elsa Faucillon, députée (PCF) des Hauts-de-Seine

Membres du comité de suivi de l’assurance-chômage : Jean-Félix Acquaviva, député (LT) de Haute-Corse ; Ahcène Azem, Collectif des précaires de l’hôtellerie (CPHRE) ; Sophie Bigogne, Syndicat professionnel des guides interprètes conférenciers ; Marie-George Buffet, députée (PCF) de Seine-Saint-Denis, ancienne ministre ; Xavier Chergui CPHRE ; Samuel Churin, Coordination des intermittents et précaires ; Eric Coquerel, député (LFI) de Seine-Saint-Denis ; Pierre Dharréville, député (PCF) des Bouches-du-Rhône ; Elsa Faucillon, députée (PCF) des Hauts-de-Seine et animatrice du comité de suivi ; Barbara Fronda, Fédération des métiers intermittents (FMITEC) et Fédération des guides Interprètes Provence-Alpes-Côte-d’Azur (FGIPACA) ; Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle ; Mathieu Grégoire, sociologue ; Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (GRS) de Paris, ancienne ministre ; Pierre-Édouard Magnan, président du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) ; Odile Merckling, collectif Femmes contre les précarités, le chômage et les discriminations ; Mathilde Panot, députée (LFI) du Val-de-Marne ; Sophie Taillé-Polian, sénatrice (EST/Génération.s) du Val-de-Marne ; Boris Vallaud, député (PS) des Landes ; Michèle Victory, députée (PS) de l’Ardèche ; Stéphane Viry, député (LR) des Vosges.

Signatures en soutien (collectif à l’initiative de la première tribune) : Jeanne Balibar, Marina Foïs (actrices), Catherine Corsini, Pascale Ferran et Michel Hazanavicius (réalisateurs).

LES DERNIERS ARTICLES