Nos impôts sont-ils trop élevés ?

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Tit_duel

Retrouvez le débat arbitré par Paul Wermus entre Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Marc Sylvestre publié dans le magazine VSD paru le 17 janvier 2007.

Le départ de Johnny Hallyday en Suisse pour raisons fiscales a déclenché la polémique. Le chroniqueur Jean-Marc Sylvestre n’est pas loin de lui donner raison. À l’opposé, la socialiste Marie-Noëlle Lienemann propose de supprimer tous les avantages fiscaux. Débat à l’Ernest Bar du Lutetia.

Jean-Marc Sylvestre. Il faut diminuer les impôts pour ne pas décourager ceux qui travaillent et créent des richesses.

Marie-Noëlle Lienemann. On a trop baissé les impôts pour les riches, mais il n’y a pas qu’eux qui travaillent.

Jean-Marc Sylvestre. Outre les nantis qui quittent la France, des
milliers de patrons de PME, des surdiplômés préfèrent vivre à Londres
ou à New York. Un million de Français vivent à Londres et cent mille à
Bruxelles se sont expatriés pour payer moins d’impôt. Au final, 80 % de
l’impôt sur le revenu est payé par 20 % des contribuables.

Paul Wermus. Quelles sont vos recettes miracles ?

Jean-Marc Sylvestre. Il faut baisser la tranche maximale de l’impôt sur
le revenu à 30 % en l’alignant sur la moyenne européenne.

Marie-Noëlle Lienemann. L’impôt sur le revenu (ISR) représente très peu
de la recette fiscale. Augmentons-le, mais gardons moins d’impôts
­indirects.

Jean-Marc Sylvestre. Il y a 22 millions de contribuables qui ne paient
pas l’ISR. Aussi, il vaut mieux un petit impôt payé par beaucoup qu’un
gros impôt payé par très peu de gens.

Marie-Noëlle Lienemann. Vous savez bien que tous ceux qui ne paient pas
l’ISR paient plein pot la TVA. L’impôt sur le ­revenu doit être
progressif et de façon générale, il faut moins prélever les revenus du
travail et davantage taxer ceux des produits financiers.

Jean-Marc Sylvestre. Il y a 22 millions de contribuables qui ne paient
pas l’ISR. Aussi, il vaut mieux un petit impôt payé par beaucoup qu’un
gros impôt payé par très peu de gens.

Marie-Noëlle Lienemann. Vous savez bien que tous ceux qui ne paient pas
l’ISR paient plein pot la TVA. L’impôt sur le revenu doit être
progressif et de façon générale, il faut moins prélever les revenus du
travail et davantage taxer ceux des produits financiers.

Jean-Marc Sylvestre. Ne pourrait-on pas baisser les impôts en les
finançant par des réductions de dépenses publiques et une meilleure
gestion ?

Marie-Noëlle Lienemann. Ça, c’est la théorie libérale. Si la gauche
gagne, on reviendra sur les avantages fiscaux donnés aux plus riches,
dont le bouclier fiscal à 60 %, les allègements fiscaux divers, comme
les emplois de service pour les familles aisées, etc. Partout en
Europe, la baisse de la fiscalité n’est plus à l’ordre du jour.

Jean-Marc Sylvestre. Il faut également alléger l’impôt sur les
successions, de façon à accélérer la vitesse de rotation des
patrimoines.

Marie-Noëlle Lienemann. J’y suis opposée, car on risque de finir par
créer une société de rentiers dans laquelle les inégalités
s’accroîtront.

Jean-Marc Sylvestre. On ne peut pas à la fois taxer le patrimoine au
moment de sa constitution, de sa mutation et de sa succession. Il faut
choisir, sinon les Français cher­cheront des niches fiscales.

Marie-Noëlle Lienemann. Depuis que l’impôt existe, les Français le
trouvent trop lourd, pourtant les constitutions de patrimoines ne
cessent de se consolider.

Jean-Marc Sylvestre. L’essentiel des patrimoines est constitué
d’assurances vie, de fonds d’investissement et de placements sans
risque qui servent à financer la dette publique. On ne peut pas
demander aux Français de payer la dette publique par leur épargne et de
rembourser cette dette par des augmentations d’impôt !

Paul Wermus. Avez-vous une solution ?

Jean-Marc Sylvestre. L’État doit réduire sa dette et mieux gérer ses dépenses.

Marie-Noëlle Lienemann. Pourquoi une telle dette publique ? Parce qu’on
baisse anormalement des impôts pour les couches les plus favorisées.

Jean-Marc Sylvestre. On a un déficit de croissance, de création de
richesses, d’emplois marchands. Ces déficits sont imputables à la
pression fiscale qui est décourageante.

Marie-Noëlle Lienemann. Nous avons un déficit de recherche et de
technologie, deux secteurs qui auraient bien besoin d’argent public. La
faute à qui ? Aux sirènes libérales. Enfin, le niveau des salaires est
insuffisant pour tirer la croissance et être attractif. ça n’a rien à
voir avec la fiscalité.

Jean-Marc Sylvestre. Je serai d’accord avec vous quand vous me direz comment vous allez financer tout cela.

Paul Wermus. Dans son programme, le FN parle de supprimer l’ISR…

Jean-Marc Sylvestre. Le problème n’est pas de supprimer l’impôt sur le
revenu, payé par moins de la moitié des contribuables. Le problème,
c’est d’abaisser le taux moyen de l’ISR et d’abaisser l’assiette.

Marie-Noëlle Lienemann. Il faut surtout restaurer un impôt juste et qui pèse d’avantage sur les richesses accumulées.

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