Salaires

Pour augmenter les salaires, l’incitation ne suffit plus !!!

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Bruno Le Maire veut « INCITER » les patrons à augmenter les salaires, notamment les bas salaires : c’est le message qu’il fait passer dans des interviews sur les médias, la veille de l’université du Medef, mais qu’il s’est bien gardé de reprendre dans son discours devant les patrons. C’est dire la détermination du ministre à obtenir satisfaction !

À première vue, on peut se réjouir de cette conversion à la hausse des salaires que nous demandons depuis des lustres et que tous ces Libéraux, le gouvernement Macron en tête, refusaient au nom de la politique de l’offre, octroyant même d’importants avantages fiscaux aux entreprises sans ciblages ni contreparties en particulier sur la grille salariale.

Mais tout est dans la nuance, la formule est faite pour faire entendre « hausse des salaires », dont les Français (et singulièrement certaines professions) ont tant besoin, là où il faut retenir « inciter », ce qui s’apparente à un coup d’épée dans l’eau, à une défausse pure et simple du gouvernement.

Évidemment, certaines entreprises produiront quelques efforts salariaux, mais pas toutes, loin de là. Qui plus est, on va retrouver d’énormes écarts entre les PME et les grandes entreprises, et d’énormes écarts par secteurs.

Jusqu’à ce jour, le gouvernement s’est refusé à redéfinir une politique salariale juste qui permette aux salariés de vivre dignement et à prendre des décisions en conséquence ; ce qui en fait est un préalable absolu pour revaloriser le travail. Thème qui fait florès, qui est important, mais que la droite et Macron ont détourné pour pousser l’idée qu’il faut accepter un travail coûte que coûte, même s’il est mal payé, à durée limitée, pénible et vous laisse dans la pauvreté et la précarité… Valoriser le travail, c’est améliorer les conditions de travail, les salaires et la reconnaissance du rôle des salariés dans l’entreprise. Ce sujet est majeur et devra être au cœur des projets présidentiels.

Mais surtout c’est de la tartufferie car ce gouvernement a tout fait pour éviter des hausses de salaires, même pour les travailleurs essentiels qu’il prétendait prendre en considération :

  • Aucun coup de pouce au SMIC ;
  • Poursuite du gel du point d’indice ans la fonction publique qui subit ainsi des pertes de pouvoir d’achat depuis des années ;
  • Plutôt que d’accroître les bas et moyens salaires, ce qui était demandé par les « gilets jaunes », le gouvernement a imposé la « prime Macron », au bon vouloir des patrons (défiscalisée) et a augmenté la prime pour l’emploi (bénéficiaires limités), ce qui non seulement ne constitue pas une amélioration du salaire, mais peut disparaître du jour au lendemain à la moindre petite prime ou augmentation reçue ;
  • Idem après le premier confinement, la réponse à l’attention annoncée en direction des travailleurs dits « essentiels » : des primes, pas des hausses de salaires. Primes pas toujours reçues pas les salariés concernés. Cela aurait pu être une étape avec une ouverture de négociations par branche, avec l’objectif de revaloriser leurs salaires, leurs conditions de travail, avec une date butoir pour signer un accord. Non, une prime pour solde de tout compte.
  • S’agissant de professions qui ont vu une dégradation de leurs salaires en particulier en comparaison avec leurs homologues européens, au premier chef les professeurs et les infirmiers, les revalorisations ne sont pas à la hauteur et (encore une fois) surtout avec des primes ;
  • Il a fallu de graves difficultés qui ont amené au Grenelle de l’Education pour parler de la rémunération des enseignants. Là encore des paroles de Jean-Michel Blanquer : une revalorisation historique, des actes de simples primes (prime d’attractivité). L’an dernier elles ne concernaient qu’un tiers des enseignants et avec l’annonce de ce jour encore seulement 58%. Ces bidouillages ne rattrapent pas les retards accumulés et ne sont pas de nature à attirer les meilleurs des jeunes générations vers l’enseignement !
  • Il a fallu la crise du Covid pour que le gouvernement tente de calmer la colère des personnels soignants et des hôpitaux avec le Ségur de la Santé qui a certes acté des augmentations de salaires. Reste que les infirmiers dans les hôpitaux français avaient des salaires inférieurs de 20% de leurs homologues européens et qu’avec le Ségur, si l’écart se réduit il demeure à bien plus de 10%. Les pénuries d’infirmiers se poursuivent. En cause les salaires et les conditions de travail… On pourrait parler aussi des aides-soignants, etc.
  • Une catégorie a vu, elle, ses rémunérations fortement augmenter : les patrons des grandes entreprises. Les dirigeants du CAC 40 devraient recevoir, en 2021, en moyenne 5,3 millions d’euros, soit 10% de plus qu’en 2019 et ceux du Next 80 (80 entreprises cotée en bourse hors CAC 40) toucheraient eux 3,2 millions d’euros en moyenne, soit 43% de plus qu’en 2019. Faut-il rappeler les milliards d’argent public déversés aux entreprises qui vont faire des bénéfices dont ces patrons vont grassement bénéficier tandis que les salariés voient leurs salaires stagner ?!

Par ailleurs, on aurait pu taxer ces grandes fortunes. Macron et Le Maire le refuse. On voit où sont leurs choix et leur conception de la justice.

OUI IL FAUT AUGMENTER LES SALAIRES et CHANGER DES GRILLES SALARIALES POUR REVALORISER CERTAINS MÉTIERS.

Les premières mesures à prendre :

  • Augmentation du SMIC ;
  • Augmentation du point d’indice dans la fonction publique ;
  • Lois de programmation pour le rattrapage des salaires des professions de la fonction publique qui ont été sous valorisée en premier lieu les enseignants et infirmiers et personnels des hôpitaux ;
  • Ouverture de négociations par branche pour revaloriser les salaires des travailleurs essentiels et revoir les grilles salariales qui parfois tiennent peu compte de la difficulté, la pénibilité et l’importance de certains métiers et ont des écarts salariaux excessifs. Des dates butoir pour conclure. Implication gouvernementale pour faire aboutir des accords.

Certains métiers dit « en tension » n’arrivent pas à recruter, il faut réussir à les rendre attractifs, à permettre des cursus et de la promotion professionnelle. Ce doit être aussi un des sujets de la négociation sociale.

Faut-il encore que nos dirigeants n’aient pas ce mépris affiché pour les plus modestes et les couches populaires ! Qu’ils cessent leurs discours sur les chômeurs prétendument mieux payés au chômage qu’en travaillant ! Qu’ils cessent de parier sur la réduction des droits à l’assurance chômage pour pourvoir à ces emplois ! Comme si les compétences, les motivations n’étaient pas importantes dans ces métiers. Toutes les expériences ont montré que cela ne résolvait pas ces problèmes mais n’avait qu’un but baisser les dépenses d’assurance chômage.

On incite les patrons, on contraint les salariés et les chômeurs. Ça ne peut plus durer. Et l’on s’étonne que la colère soit si vive dans le pays !

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