Santé & Travail

Aveuglement sur la dégradation de la santé au travail et en revanche rabot sur les dépenses d’arrêts maladie. Cherchez l’erreur !

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Le gouvernement prévoit des économies budgétaires en faisant la chasse à la fraude aux arrêts-maladie ! Il estime que la hausse importante de ces derniers serait le signe d’une fraude accrue ! Combattre les fraudeurs est évidemment légitime, mais faire un diagnostic lucide pour agir avec pertinence est indispensable.

Or c’est précisément ce que ne fait pas le gouvernement.

Parmi les causes observées par les médecins, il y a l’augmentation liée à l’accroissement du nombre de salariés, les retards pris par certains gestes chirurgicaux ou prises en charge à l’hôpital qui maintiennent certains patients dans l’incapacité de travailler, enfin une hausse des troubles psychologiques et musculo-squelettiques liés aux conditions de travail.

Voilà des années que les Français se disent insatisfaits de leurs conditions de travail, de l’augmentation de la pression, de la tension au travail ainsi que du manque d’écoute et de considération ! Cela a de lourdes conséquences sur leur santé et leur psychisme et contribue à des arrêts de travail…

Et de cela le gouvernement ne veut pas parler !

Il se contente comme de coutume de couper les crédits à la hache, intimant à certains médecins de suivre un objectif de réduction de 10% des arrêts maladie ! Ce systématisme est extrêmement dangereux car cela pourrait amener des médecins à refuser ces arrêts nécessaires.

La prévention, pour le gouvernement est un concept à géométrie variable.

La prévention est en effet essentielle. Le gouvernement l’invoque pour justifier l’injustifiable à savoir la baisse du remboursement des frais dentaires… Mais n’en parle pas s’agissant des arrêts maladie ou même des accidents du travail.

La CNAM a établi des listes de médecins gros prescripteurs d’arrêts maladie, mais rien n’a été fait pour lister les entreprises où les dits arrêts se multiplient, car on sait que certaines d’entre elles créent un flux régulier de salariés qui se plaignent de stress, de burn out ou de maladies de dos etc. Quand on sait que, de surcroît, la médecine du travail est complètement déshabillée et réduite a minima… Ou encore que les CHSCT ont été de fait supprimés au profit de structures uniques de concertation avec les syndicats avec de larges sujets de compétences: cela affaiblit la vigilance et les capacités d’intervention des représentants du personnel… On mesure que la prévention au sein même des entreprises est quasi inexistante.

Ne parlons pas de l’insuffisance du nombres d’inspecteurs du travail qui vient compléter le triste constat.

Il est grand temps d’accélérer dans l’amélioration des conditions de travail, d’assurer une véritable stratégie de santé au travail.

Voilà une urgence de la négociation sociale ! Une urgence pour l’action des pouvoirs publics et de la CNAM ! Et si un travail permanent contre la fraude est utile, la logique du rabot sur les dépenses d’arrêts maladie n’est pas acceptable !

Une fois de plus, l’obsédante logique macronnienne de tailler dans les dépenses de la protection sociale pour baisser le déficit public est dramatique (on en a vu et voit encore le désastre que cela a créé dans l’hôpital public) et prend le pas sur des économies dans le budget de l’État et en particulier sur les nombreuses niches fiscales pour les plus riches et pour les entreprises sans contreparties !

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