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Fonction publique : le gouvernement dégrade davantage le pouvoir d’achat des fonctionnaires et la qualité de nos services publics

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Les annonces de Stanilas Guérini hier constituent quasiment une provocation et, en tout cas, vont aggraver la crise de nos services publics.
Une augmentation de seulement 1,5 % du point d’indice ! Des primes pour une partie des fonctionnaires territoriaux mais au bon vouloir (ou en fonction des capacités financière ) des collectivités locales…

Nous sommes tous concernés ! Car nous le savons bien, désormais toute une série de postes pourtant essentiels pour le bon fonctionnement des services publics ne trouvent plus de candidats… Et pour quelles raisons ? La situation des agents publics – leurs salaires, leurs conditions de travail, l’insuffisante reconnaissance et la difficulté de bien réaliser leurs missions.
Évidemment, la question salariale est primordiale.

Nous sommes arrivés à un point de quasi rupture avec un décrochage massif des salaires des fonctionnaires.

La situation se dégrade depuis de nombreuses années avec 11 années du gel du point d’indice (système de base du salaire des fonctionnaires), sous Sarkozy, sous Hollande sauf en juillet 2016 (+0,6%) et en février 2017, (+0,6%) juste avant l’élection présidentielle , puis sous Macron avec la hausse de 3,5 % en 2022, deux fois sur trois sous le niveau de l’inflation (+0,2 % en 2016 ; +1 % en 2017 ; +5,2 % en 2022). C’est donc un véritable appauvrissement des agents de la Fonction publique qui a eu lieu depuis 2010…

Source : direction générale de l’administration et de la fonction publique ; FIPECO.

En 28 ans (de janvier 1994 à juillet 2022), le point d’indice a progressé de 24,3 % alors que l’inflation sur la même période progressait de 55,9 %, soit une différence de 31 points ! Pour un débutant dans la fonction publique, à grille indiciaire identique, cela représente une perte de pouvoir d’achat de plus de 20 % sur la période. Cette diminution de pouvoir d’achat s’applique par ailleurs à l’ensemble du traitement à cause de l’indexation de certaines primes sur l’indice de rémunération.

Comment s’étonner alors de la faible attractivité de la fonction publique ?

Pour tenter de faire passer la pilule, les gouvernements prétendent à chaque fois faire des efforts pour les plus bas salaires, mais, en réalité, on observe au contraire un tassement qui tire vers le bas au niveau du SMIC des agents publics qui, précédemment, étaient payés au dessus !

Bonnes paroles d’un côté, mauvais coups salariaux de l’autre !

Pourtant, les bonnes paroles sur l’importance des fonctionnaires, si essentiels, ne manquent pas. Hier, lors de la crise COVID, ou, encore, quand arrive une évènement exceptionnel au cours desquels, justement, ces personnels sont souvent mis à contribution et leurs intervention si décisives … samedi encore, Emmanuel Macron à Annecy !

Et, deux jours plus tard, le ministre de la fonction publique annonce une hausse seulement de 1,5 % du point d’indice, cette année ! Intolérable provocation quand on sait que l’inflation est autour de 6% et ; c’est également inférieur à la la hausse des loyers qui, soit disant limitée, vient d’être autorisé à 3,5 % pour 2023-2024 (les dépenses logement représentent en moyenne 26% des revenus !). De surcroît, les produits alimentaires devraient encore augmenter en moyenne de 14% (+19 % d’avril 20222 à avril 2023).

C’est donc un nouveau grave recul pour le pouvoir d’achat des fonctionnaires, alors qu’il faudrait une hausse supérieure à l’inflation avec une programmation pluriannuelle de rattrapage des pertes accumulées…

Le gouvernement annonce par ailleurs l’octroi de cinq points d’indice, soit 25 euros nets pour l’ensemble des agents de la fonction publique, à compter du 1er janvier 2024. Cette mesure, additionnée à l’augmentation de la valeur du point d’indice de 1,5% au 1er juillet 2023, conduira, selon le ministère à une revalorisation générale de 2,5% en 2024 ! On est encore très loin de l’inflation et avec une perte supplémentaire de 6 mois.

Rien n’est sérieusement prévu pour engager l’indispensable remise à plat de la grille salariale pour revaloriser certains métiers qui ont été négligés et sacrifiés depuis des années. Nous avons tous en tête, les enseignants, les infirmières, mais aussi bien d’autres encore !

La fausse piste des primes !

Enfin, le ministre de la fonction publique a annoncé la création d’une prime dite de « pouvoir d’achat » d’un montant allant de 300 et 800 euros, qui devrait être versée avant la fin de l’année 2023, aux agents gagnant jusqu’à 3 250 euros bruts par mois. Mais cette prime n’est prévue que pour un an et ne comptera pas dans le calcul de la retraite.

C’est la traditionnelle pirouette du gouvernement qui multiplie les primes temporaires en lieu et place des hausses salariales pérennes !

Le mauvais traitement de la fonction publique territoriale et l’accroissement des inégalités !

Si ces primes devraient concerner 50% des agents de l’État et 70% des agents publics hospitaliers (à des niveaux très variables), elles ne sont en rien garanties pour les agents de la fonction publique territoriale : en effet, le versement de ces primes dépendront du vote des collectivités territoriales. Or l’État ne compensera pas l’éventuelle dépense supplémentaire liée à ces primes, alors même que le gouvernement a quasiment réduit à néant la fiscalité locale qui aurait pu assurer une certaine marge de manœuvre aux communes, départements et régions !

Cette mesures creusera encore les inégalités entre agents publics ! Celles entre fonction publique territoriale et les autres, celles entre collectivités, les plus riches ayant les moyens d’offrir à leurs agents des rémunérations meilleures que les plus pauvres !!

Zéro pointé sur toute la ligne !

Ne restons pas indifférents face à cette lente et redoutable érosion du pouvoir d’achat des fonctionnaires, de la qualité des services publics et les inégalités accrues par leur mise en œuvre sur le territoire national !

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